Un tiers d'entreprises artisanales et de PME est en déperdition annuellement dans la wilaya de Tizi-Ouzou, selon une tendance observée depuis les huit dernières années, a indiqué M. Hamitouche Djillali, assistant à la direction de wilaya de la Chambre de l'artisanat et des métiers (CAM). "La cause fondamentale de cette substantielle déperdition est liée essentiellement à l'absence d'accompagnement de ces jeunes entreprises par la création d'organisations professionnelles susceptibles de prendre en charge leurs préoccupations", a-t-il expliqué lors d'un regroupement d'artisans à la maison de la culture de Tizi-Ouzou, à la faveur de l'organisation d'une semaine artisanale. De ce fait, a déduit M. Hamitouche qui est également animateur au sein le a CAM, "la plupart des petits entrepreneurs et artisans se retrouvent enfermés dans la bulle de leurs contraintes, avec tous les inconvénients d'un travail en solitaire dans un environnement qui ne leur est pas toujours favorable". "Faute de concertation et d'information pour trouver des solutions à leurs problèmes, la plupart de ces agents économiques préfèrent rendre le tablier au moindre accroc", a-t-il dit, avant d'inviter les concernés à se regrouper "par famille professionnelle dans des Nucleus pour pouvoir bénéficier des avantages du travail en groupe". Au préalable, a-t-il ajouté, il y a lieu de s'organiser en associations professionnelles pour intégrer le Nucléus. Le Nucléus (noyau) est défini comme une "organisation regroupant des entrepreneurs ayant des activités communes, ou partageant des préoccupations communes liées à leurs activités". La mise en úuvre de ce projet, initié par le groupe allemand de coopération GTZ pour l'appui aux associations professionnelles et organisations patronales, a donné lieu dans la wilaya de Tizi-Ouzou, à la mise en place de 12 Nucléus, dont deux liés aux activités du couscous et du bijou traditionnel. Selon M. Hamitouche, les membres de cette organisation sont encadrés par un conseiller de la CAM "qui met en synergie leurs efforts pour débattre de leurs problèmes communs et en trouver des solutions, dans des domaines relevant de l'approvisionnement, le marketing, le coût de production, la concurrence déloyale, entre autres". Formation et information des entrepreneurs, conseils individualisés, participation à des foires commerciales, activités de lobbying sur l'environnement pour l'amélioration des conditions de travail, initiation d'opérations communes de marketing, investissement dans des équipements à usage commun, achat groupé d'équipements et de matières premières, ont été parmi les avantages d'adhésion au Nucléus mis en avant par la CAM. Pour mieux affronter les conséquences qui découleront de l'ouverture du marché national, préfigurée par l'adhésion du pays à L'OMS, ces nucléus, a expliqué M. Hamitouche, peuvent évoluer vers une autre forme d'organisation supérieure qu'est le Système Productif Local (SPL), qui offre de meilleurs avantages et pour lequel le ministère de la PMEA, avec l'aide de l'UE (programme Meda II) a lancé une étude à travers 15 wilayas "dans le but d'identifier des grappes d'entreprises susceptibles de se développer en SPL, est-il relevé. Un SPL est, selon la définition de la CAM, "un état de concentration d'entreprises de petite taille sur un espace géographique restreint, se caractérisant par une spécialisation poussée autour d'un métier et /ou d'un produit, et par des rapports de coopération-compétition se traduisant par une mutualisation des moyens, d'outils et du savoir-faire". La force de frappe du SPL réside dans le fait qu'il est piloté par une commission pluridisciplinaire, regroupant tous les partenaires qui comptent et gravitent autour de l'entreprise. Chaque membre joue, en ce qui le concerne, le rôle d'accompagnateur et de facilitateur, est-il expliqué. Selon les statistiques de la direction de la PMEA, arrêtées à fin de l'année 2008, la wilaya de Tizi-Ouzou comptait 11394 PME privées, et 17 autres publiques, employant plus de 27000 personnes. Ce nombre la place en troisième position après Alger et Oran. Le nombre d'artisans inscrits à la CAM à la même échéance, s'élevait à 5648 artisans (tous domaines confondus), avec une prépondérance du domaine de l'artisanat de production des services (418 inscrits), suivi de l'artisanat traditionnel (194) et l'artisanat de production de biens (56). R.R