Au moment où, dit on, va être lancée une nouvelle stratégie industrielle, il importe que soit lancée en direction des cadres qui ne sont pas partis une politique d'intéressement pour qu'ils ne risquent pas d'écouter les chants des sirènes étrangères. L'Algérie est autant une terre d'émigration qu'une terre d'immigration. Il faut un emploi pour avoir un revenu, mais il n'est toujours pas possible d'en trouver, plus particulièrement un emploi durable. L'immigration est de toute façon le constat que quelque chose manque à nos jeunes. Causes exclusivement économiques ? Dans toute l'Afrique, les déceptions sont les mêmes, mais à des intensités différentes. Il y a tout de même un point commun, à savoir que les jeunes courent vainement parfois derrière un emploi, un emploi durable et donc un revenu qui leur permettra d'avoir une "vie normale".Il y a quelques années, il a été rapporté le cas d'un Africain qui a eu un doctorat d'Etat en physique, avec un passage à la NASA, Il avait voulu revenir chez lui. Le gouvernement de son pays l'avait honoré par une réception mais lui avait clairement signifié qu'il n'y avait pas de poste pour lui. De jeunes diplômés ou non diplômés se trouvent dans cette situation. Pas de poste à hauteur des ambitions et parfois pas de poste du tout. Que disait feu Boukhobza, un éminent sociologue? "Les jeunes qui s'estiment exclus d'un système tendent naturellement à vouloir détruire celui-ci". Les jeunes ont besoin d'être autonomes financièrement, et ils ne sont pas patients. L'emploi durable est alors perçu comme l'indispensable moyen de parvenir à assurer sa propre autonomie financière, sa dignité et un toit. C'est un besoin de sécurité élémentaire, pas plus. C'est presque les plus bas besoins de l'échelle de Maslow et ils sont encore très loin des besoins des élites, à savoir se réaliser et avoir de grandes ambitions. Quant à l'émigration des cerveaux, un aller généralement sans retour ; ce sont les qualités de travail, de recherche mais aussi de rémunération qui en sont les principales motivations. Une politique pour leur faire effectuer le chemin inverse ? D'abord une politique pour retenir ceux qui ne sont pas partis et qui sont incités à le faire par la politique de l'immigration choisie. N.B