Selon les dernières estimations de la Banque mondiale (BM), l'économie mondiale devrait, cette année, afficher un repli de près de 3 %, c'est-à-dire beaucoup plus que ne l'indiquait l'estimation précédente de 1,7 %. " Les pays pauvres continueront d'être frappés de plein fouet par de multiples vagues de problèmes économiques. Bien que l'on s'attende à ce que la croissance redémarre dans le courant de 2010, le rythme de cette reprise reste incertain et les populations pauvres de nombreux pays en développement continueront de subir les contrecoups de la crise", a noté, jeudi, le président du Groupe de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick. Ainsi, les pays du continent africain devront faire face à cette situation en s'appuyant sur l'application des réformes sur certains secteurs. Selon un rapport intitulé "Rapport sur la compétitivité en Afrique 2009" qui représente des études menées par trois institutions en l'occurrence le Forum économique mondial, la Banque africaine de développement et la Banque mondiale, il ressort que le développement des services financiers et le commerce sont indispensables pour améliorer la compétitivité de l'Afrique et lui permettre de sortir de la crise actuelle. Le rapport explique, toutefois, que les entreprises africaines peuvent devenir nettement plus compétitives, si les gouvernements africains et leurs partenaires internationaux améliorent l'accès aux financements, ne cèdent pas à la pression qui les pousse à ériger des obstacles au commerce, modernisent les infrastructures, améliorent les systèmes de soins de santé et d'éducation et renforcent les institutions. Selon le rapport, l'accès limité aux services financiers demeure un obstacle de taille pour les entreprises africaines, mais les pays africains sont aussi moins compétitifs sur le marché mondial à cause des infrastructures peu développées, des services de soins de santé et d'éducation limités et de la médiocrité des cadres institutionnels. Le rapport examine également un certain nombre de cas de réussite dans la région, qui mettent en évidence les mesures que les pays peuvent prendre pour améliorer le cadre d'exercice de l'activité des entreprises. Le rapport met en relief deux lignes d'action à court terme et trois à long terme qu'il faudra suivre pour améliorer la compétitivité des économies africaines. Les deux lignes d'action à court terme consistent à renforcer l'accès aux services financiers par des mesures de promotion du marché. On assiste depuis quelques années à un approfondissement et une expansion des systèmes financiers africains, mais la crise mondiale actuelle risque de mettre fin à cette tendance et de compromettre les progrès enregistrés récemment. Il importe encore plus, à présent, de moderniser les mécanismes nécessaires à des systèmes financiers solides, efficaces et ouverts et maintenir les marchés ouverts aux échanges commerciaux. La crise économique mondiale donne voix à des forces protectionnistes. Or le protectionnisme ne fera que réduire davantage la demande et freiner la croissance. Aussi les dirigeants africains doivent-ils résister aux pressions politiques qui les poussent à ériger des obstacles au commerce, qui rendraient encore plus difficile la relance dans la région. Quant aux trois lignes d'action à long terme, elles concernent, notamment, l'infrastructure qui demeure l'un des obstacles majeurs à l'exercice de l'activité des entreprises en Afrique, l'énergie et les transports sont parmi les principaux obstacles à la croissance de la productivité et de la compétitivité en Afrique. Investir dans la modernisation des infrastructures non seulement placerait l'Afrique sur une trajectoire de croissance plus élevée, mais contribuerait aussi à la relance budgétaire à un moment crucial. Les systèmes d'éducation de base et de soins de santé sont inefficaces et brident l'exploitation du potentiel de production du continent. Ce domaine est peut-être celui qui vient au premier rang des priorités. Si les systèmes d'éducation et de soins de santé ne sont pas améliorés en Afrique, les entreprises continueront d'être freinées dans leur progression dans la chaîne de valorisation, et le développement économique sera entravé, souligne le rapport. Selon les conclusion du rapport, des structures institutionnelles solides et transparentes ont contribué à la réussite des économies les plus compétitives d'Afrique. D'importantes mesures ont été prises ces dernières années pour améliorer ces structures, mais dans de nombreux pays de la région les institutions doivent être plus favorables aux entreprises afin de promouvoir la compétitivité. Ceci est, en ce moment, d'autant plus important que la crise économique actuelle menace d'annuler les progrès accomplis dans le domaine de la réforme des structures de gouvernance. "L'enjeu le plus essentiel pour nous à ce stade consiste à trouver le juste milieu entre la riposte à la crise dans l'immédiat et la poursuite des objectifs à plus long terme, nécessaires à la croissance durable en Afrique, par exemple, le développement des infrastructures et d'une main-d'œuvre qualifiée, ainsi que l'intégration économique", a estimé Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement. Samira H.