Le prix de la pomme de terre risque d'augmenter et d'aller au-delà des 50 DA le Kg. A Tizi Ouzou, la campagne de la plantation de ce produit agricole se déroule dans des conditions de fortes suspicions et de sérieuses craintes. En effet, des sources fiables, les services techniques de la direction des services agricoles (DSA) en l'occurrence, indiquent que cette opération qui a habituellement lieu durant la période s'étalant de janvier à mars est, cette saison, compromise " par la rareté et la cherté de la semence de ce féculent ". Ce " cauchemar agricole " dure depuis des mois déjà en dépit de tous les efforts déployés par la tutelle en vue de rendre ce produit de grande consommation disponible. En effet, le département de Barkat avait décidé l'octroi d'un crédit bonifié de 500 000 DA pour chaque multiplicateur, le relèvement des primes de production, pour parer aux perturbations ayant affecté le développement de cette filière, notamment durant la campagne d'arrière-saison, fait qui s 'est accompagné "d'une flambée" des prix de ce produit de large consommation. De l'avis général, ces mesures incitatives sont intervenues tardivement et ne peuvent par conséquent " induire les effets escomptés pour cette saison ". Ainsi donc, à cette compromission née de la pénurie de la semence de ce produit, s'ajoute la colère des agriculteurs exploitants qui n'arrivent à " draguer les infimes quantités disponibles qu'à l'exorbitant prix de 100 DA le kg. C'est du jamais vu ", grognent certains fellahs qui crient par là même à la spéculation. Accusations à peine voilées mais que les détenteurs de greniers, eux, approvisionnés par des importateurs. La situation, telle que rapportée d'ailleurs par l'Agence presse service dans sa livraison d'avant-hier, est assez préoccupante. Le chargé de l'organisation de la production et de l'appui technique de la direction des services agricole indique que jusqu'à la mi-février courant, seulement quelque 136 ha, sur un objectif prévisionnel de 1 429 ha fixé pour cette saison, ont pu être plantés. "A ce rythme de plantation, nous n'atteindrons même pas les 1 000 ha, car le retard considérable accusé, pour cause de pénurie touchant l'ensemble du pays, ne peut être comblé d'ici la clôture de cette saison ", a-t-il souligné. Pourtant, le programme de multiplication portant sur l'ensemencement d'un objectif prévisionnel de 130 ha, sera concrétisé, en revanche, à hauteur de 90 %. Les multiplicateurs ont, " compte tenu des fréquentes dérégulations du marché, pris L'habitude de garder leur semence pour leur propre usage ", relève la même source, qui indique d'ailleurs la plantation de 36 ha de pomme de terre de semence. A ce sujet, force est de souligner que c'est justement la semence qui est la " pomme " de…la discorde. Au moment où les plus hauts responsables du département agricole défendent que la production est assez suffisante, voire excédentaire, pour répondre aux besoins de consommation des Algériens et jettent la balle dans le camps des spéculateurs, d'autres voix s'élèvent pour attribuer la hausse des prix aux mesures décidées par le ministère de tutelle pour réglementer l'importation de la semence. Les tubercules de calibre 28 mm sont seuls autorisés à l'importation. Un sac de 50 kg doit contenir au plus, 700 unités de pommes de terre. L'Algérie qui pouvait s'enorgueillir, sans cette flambée des prix, d'être le premier producteur africain de la pomme de terre et dans le monde arabe avec une production de 21,5 millions de quintaux en 2006, importe en moyenne entre 80 000 à 100 000 tonnes de semences de pomme de terre. 45 000 sont de provenance de l'UE, selon les chiffres de la Chambre nationale de l'agriculture (CNA). L'Algérie produit actuellement environ 80 000 tonnes de pommes de terre de semence. En matière de production, force est de souligner que notre pays a presque doublé sa production de pomme de terre en l'espace de cinq ans, passant de 12 760 000 quintaux en 2000 à 21 765 000 quintaux en 2005, selon le ministère de l'Agriculture.