Le poids des fonds spécialisés pèse sur les cours des valeurs alimentaires. En effet, les cours des matières premières agricoles et ceux des céréales ont été les plus bas cette semaine.Ainsi, les prix du blé, maïs et soja ont reculé cette semaine sur le marché à terme de Chicago, alors que la situation des cultures américaines devient plus favorable pour la production à venir et que les cours ont perdu le soutien de la Bourse. "Le principal facteur cette semaine ont été les chiffres sur l'état des cultures (américaines), qui continuent de montrer une amélioration", a expliqué Jason Roose, de US Commodities. Dans son relevé hebdomadaire, le département américain de l'Agriculture a jugé que les cultures avaient bénéficié de conditions climatiques plus clémentes. Les maïs sont considérés comme "bons à excellents" à 70%, les blés de printemps à 75% (+2 points). Longtemps perturbés par les pluies, les semis de soja ont rattrapé leur retard et sont même en avance (87% plantés) sur ceux de l'an dernier (83% à la même date). En outre, la moisson de blé, commencée dans le sud des Etats-Unis, "semble bien se passer, en avance sur le calendrier habituel, avec de bons rendements", selon M. Roose. "Même si nous continuons à penser que l'évolution des prix va rester positive en 2009 et que nous nous attendons à de nouveaux gains, elle devrait se montrer agitée à court terme, reflétant les perceptions du marché quant à la santé de l'économie et l'influence des marchés extérieurs", ont jugé les analystes de Barclays Capital. Les cours ont rebondi fortement depuis début mars, bénéficiant, outre des conditions météorologiques défavorables aux cultures, de la reprise de la Bourse et d'un recul du dollar, qui encourage la demande pour la production américaine. Mais à la fois Wall Street et le dollar semblent stabilisés depuis début juin.Pour les valeurs alimentaires, ces dernières sont au plus bas, les analystes soulignant le rôle des fonds spécialisés sur les marchés, au-delà du rapport entre l'offre et la demande, qui donne traditionnellement le la aux prix.La tonne de cacao est tombée à des plus bas depuis trois semaines, à 1621 livres vendredi à Londres et à 2530 dollars mercredi à New York. "Les prix ont continué de pâtir des ventes à découvert et du fait que le marché serait surévalué aux niveaux actuels" commentait Stéphanie Garner du cabinet Sucden. Un rapport de l'industrie indiquant que la prochaine saison serait abondante ainsi qu'un regain du dollar (rendant plus chères les matières premières libellées dans cette monnaie) pourraient peser davantage sur les cours, ajoutait l'analyste. La grève des dockers, qui avait perturbé les activités du port d'Abidjan, le plus important d'Afrique de l'ouest, s'est terminée ce jeudi. A Londres, le contrat de septembre s'était envolé à 1801 dollars, un plus haut depuis la mi-avril. De l'autre côté de l'Atlantique, il avait touché 2842, son niveau le plus fort depuis début février.Côté café, le robusta échangé à Londres a glissé vendredi jusqu'à un niveau plus vu depuis la mi-mars, à 1.437 dollars, tandis que l'arabica de New York touchait 120,15 cents jeudi, faiblesse plus goûtée depuis le 1er mai. D'après l'Organisation internationale du café (ICO), qui a publié son rapport mensuel cette semaine, "l'impact de la baisse de la production colombienne continue d'influencer les prix du marché", expliquant la hausse du mois de mai. "Ces hausses de prix reflètent une situation relativement tendue de l'offre, en raison de facteurs climatiques dans un certain nombre de pays producteurs, particulièrement en Amérique centrale et en Colombie" expliquait le rapport, qui soulignait que dans certaines zones du pays, les baisses de production atteignaient 40%. Mais la situation colombienne n'explique pas tout, notait Ralph Hawes, de Sucden, et "les (trop) hauts et les (trop) bas du café sont liés aux achats des fonds plus qu'aux fondamentaux". L'analyste précisait que pour le robusta, "le marché étant dominé par un seul énorme fonds, et ce fonds semblant inactif pour l'heure, les variations (de prix) devraient être limitées".Par ailleurs, les cours du sucre ont fini en ordre dispersé après des plus bas mercredi à Londres (422,80 livres) depuis six semaines et à New York (15,61 cents) depuis cinq semaines. "Le gouvernement indien (premier consommateur mondial, ndlr) a décidé d'étendre l'autorisation de stockage jusqu'en janvier 2010 pour garantir l'approvisionnement du marché intérieur. En février, l'Inde avait imposé des limites sur la quantité de sucre pouvant être stockée par les traders pendant six mois, afin de faire augmenter les prix et cette limite devait expirer en juillet" rapportait la revue Public Ledger. Synthèse R.T.M.