Les prix du blé et du maïs ont reculé cette semaine sur le marché à terme de Chicago, pénalisés par des conditions météorologiques qui restent favorables au développement des cultures aux Etats-Unis, tandis que ceux du soja ont bénéficié d'une forte demande. "Cela ne fait aucun doute, la principale préoccupation du marché reste la météo" dans les zones de cultures américaines, a observé Joe Victor, de la maison de courtage Allendale. Malgré quelques craintes d'un réchauffement excessif dans la semaine, rapidement estompées, les conditions restent idéales pour le développement des cultures de maïs et de soja dans le Midwest (centre des Etats-Unis). Cette tendance, qui dure depuis le début de l'été, laisse penser que la production sera particulièrement abondante, et pèse donc sur les prix. Elle concerne également les zones de culture de blé qui n'ont pas encore été moissonnées dans le nord du pays. Le soja a, lui, vu ses prix remonter, grâce à "une demande qui reste forte", a estimé M. Victor. Pour leur part, les matières premières alimentaires ont mis cette semaine un terme à leur récente reculade, sauf le sucre qui a touché un record historique à Londres et un plus haut depuis 28 ans à New York, en raison d'une météo défavorable en Inde, deuxième producteur et premier consommateur mondial. "Le complexe agricole a reculé après des jours de fortes appréciations. Cependant , le sucre reste une exception remarquable à cette tendance" notaient les analystes de Barclays Capital. Le cacao a touché vendredi un plus bas depuis deux semaines à Londres et une semaine à New York. Le café s'adoucissait à Londres mais se raffermissait nettement à New York. "Le café a perdu du terrain alors qu'un temps plus sec préparait le Brésil à une récolte meilleure qu'anticipé" rapportaient les analystes de Barclays Capital. Les prix du sucre se sont hissés vendredi jusqu'à 537,30 livres sterling la tonne à Londres (contrat pour livraison en octobre), un record historique, jamais atteint depuis le lancement de ce contrat en 1983. En trois semaines, le sucre a gagné plus d'un quart de sa valeur sur le Liffe. De son côté, le sucre non-raffiné échangé à New York pour la même date a atteint 20,68 cents la livre, un niveau qui n'avait pas été atteint depuis vingt-huit ans. "Le marché du sucre va de records en records, avec des fondamentaux qui fournissent une bonne base pour s'éloigner de la mollesse actuelle des autres matières premières" observaient les analystes de Barclays Capital. "Les inquiétudes sur la faiblesse de l'offre et la taille des importations en Inde ont été le principal moteur de l'envolée des prix" ajoutaient les analystes. Côté métaux, le complexe du London Metal Exchange (LME) a touché cette semaine des plus hauts depuis près d'un an, dans la foulée des trois semaines précédentes, alors que des chiffres rassurants sur la demande, notamment automobile, ainsi que des tensions sur l'offre soutenaient les cours. Le marché automobile allemand a enregistré un nouveau bond en juillet grâce à la prime à la casse, avec une hausse de 30% des nouvelles immatriculations sur un an, tandis que les immatriculations de voitures neuves ont progressé de 2,4% au Royaume-Uni en juillet sur un an, la première hausse depuis avril 2008. En Chine, les ventes d'automobiles ont grimpé de 63,3% en juillet par rapport à la même période l'an dernier, pour le cinquième mois consécutif. Ces ventes ont fait dépasser le million d'unités vendues en un mois (1,09). Et aux Etats-Unis, le Sénat a décidé jeudi d'injecter deux milliards supplémentaires dans le programme de prime à la casse, qui a rencontré un succès fulgurant auprès des conducteurs, et dont les fonds ont été épuisés en une seule semaine. "Les métaux ont réalisé une bonne performance et il semble que rien ne puisse arrêter la course aux plus hauts, même un recul de marchés actions ou un raffermissement du dollar ont échoué à refroidir les ardeurs des investisseurs sur le LME", constataient les analystes de Base Metals. "Depuis les plus bas de la fin 2008 et du début 2009, la remontée a été spectaculaire, avec une hausse de 121% du cuivre, 133% pour le nickel, 131% pour le plomb et une hausse moyenne de 99%" pour l'ensemble des métaux du complexe, calculaient les analystes. Ces hausses ne sont pas justifiées et ne le seront que lorsque la reprise apparaîtra plus franchement dans les pays développés, estimaient cependant les analystes. Les métaux de base ont d'ailleurs lâché un peu de terrain en fin de semaine et certains évoluaient en petite baisse vendredi, les investisseurs revenant à la prudence avant les chiffres mensuels de l'emploi américain. Pour leur part, les métaux précieux ont tous atteint de nouveaux plus hauts cette semaine, grâce à la faiblesse du dollar et aux craintes d'inflation des investisseurs, le palladium ayant regagné un niveau vieux de près d'un an, avec des signes encourageants d'amélioration dans le secteur automobile. Les investisseurs achetant de l'or lorsque le dollar baisse afin de se prémunir contre l'inflation, le métal précieux a donc profité d'un billet vert tombé cette semaine à un plus bas de près de dix mois face à l'euro (1,44 dollar pour un euro). Synthèse R.T.M.