Afin de faire face aux multiples demandes de prêt des pays gravement touchés par la crise financière mondiale, notamment ceux en développement, le Fonds monétaire international (FMI) a introduit, récemment, de nouveaux moyens de financement à travers non seulement des accords de prêt bilatéraux et le nouveau dispositif appelé nouveaux accords d'emprunt (NAE) mais, aussi, par la possibilité d'émission de titres (émission d'obligations) qui peuvent être achetés par les Banques centrales des pays membres ou d'autres institutions financières. Dans ce contexte, l'Algérie, par le biais de la Banque centrale examine, depuis quelque temps, l'éventualité d'achat de titres obligataires que le FMI compte émettre pour renflouer ses caisses. Mais aucune décision n'a été prise pour le moment. C'est, d'ailleurs, ce qu'ont confirmé M. Baba Ami Hadj, directeur général du Trésor, et le ministre des Finances, Karim Djoudi. En revanche, cette option reste envisageable, d'autant plus que l'Algérie considère toujours les titres comme des placements sécurisés. Néanmoins, certains économistes s'interrogent d'ores et déjà du bien fondé d'une telle solution, d'autant plus que l'économie algérienne est totalement dépendante des hydrocarbures. Dans ce contexte, l'expert Abdelhak Lamiri, ainsi que d'autres économistes algériens également interrogés par le quotidien électronique "tsa-algerie.com", ont plaidé pour la prudence. En effet, M. Abdelhak Lamiri estime que l'Algérie n'a rien à gagner en achetant ces titres. Pour cet expert, "certes les titres du FMI sont sécurisés, mais ils ne sont pas liquides. Il serait très difficile de les revendre si, en cas de force majeure, l'Algérie souhaiterait récupérer ses fonds." M. Lamiri préconise une plus grande prudence avant de prendre une telle décision. "L'Algérie, ajoute-t-il, ne peut pas se permettre le luxe de mobiliser autant d'argent au moment où elle engage un ambitieux programme de développement de 150 milliards de dollars." Le FMI, fait-il remarquer, s'est dirigé vers les pays relativement "à l'aise financièrement", dont fait partie l'Algérie, avec des réserves de change de près de 150 milliards de dollars. Mais il ne faut pas perdre de vue que "nous avons une économie fragile entièrement dépendante de la rente pétrolière. Elle s'effritera avec la chute du prix du baril." Néanmoins, le gouvernement, par solidarité "peut faire un geste politique à l'adresse des pays sous-développés touchés par la crise, en investissant une somme symbolique de 2 milliards de dollars." Mais "sous aucun prétexte, avertit-il, nous ne devront investir plus de cette somme." De son côté, l'économiste Abdelmalek Serrai défend la même thèse. "Sur le plan financier, l'opération n'est pas rentable. Par contre, l'Algérie fera un bon geste diplomatique en répondant à l'appel de solidarité internationale" a-t-il estimé. A vrai dire, M. Serrai rejoint l'analyse de M. Lamiri en attestant que "l'Algérie, à l'heure actuelle, a besoin de son argent pour l'investissement intérieur." La non rentabilité de l'opération semble faire l'unanimité parmi les économistes algériens. Redha Amrani affirme, quant à lui, qu'en "achetant les titres obligataires du FMI, l'Algérie ne perdra rien mais ne gagnera rien non plus". Pour Lies Kerrar, par contre, le débat doit se centrer sur "j'achète ou je n'achète pas." Selon lui, la Banque centrale doit avoir une politique de gestion des réserves de change. C'est à la faveur de l'analyse des risques que l'option devrait être choisie ou écartée. " Est-ce que le gouvernement a l'intention de diversifier ses placements ? Les titres du FMI viendront-ils remplacer les bons de caisse américains ?" s'interroge l'économiste. Pour le moment, souligne M. Kerrar, les intentions de la Banque centrale et du gouvernement sont encore floues. Enfin, le gouvernement doit prendre en considération les différents avis des experts en la matière, avant de prendre des décisions qui peuvent être regrettables à l'avenir. Comme dit le proverbe, deux avis valent mieux qu'un. Samira H.