- Bientôt un texte régissant la balance devises des investisseurs. - 22% de la masse monétaire sont hors circuit bancaire. La démarche du gouvernement consiste à «passer d'une économie de consommation à celle de production» et «c'est le moment d'édicter de nouvelles règles pour orienter les investissements vers de nouveaux choix», a indiqué HIER à Alger, le ministre des Finances, M. Karim Djoudi. Le ministre a tenu ces propos lors d'une rencontre avec la presse, au siège du ministère des Finances, pour expliquer la conduite économique et les actions entreprises par le gouvernement pour orienter l'économie vers un profil de production «qui devra se substituera progressivement aux importations» et «de basculer vers des sentiers de croissance», a-t-il expliqué. A ce propos, M. Djoudi a observé qu'avec l'embellie financière enregistrée durant ces dernières années, l'Algérie est passée directement à une économie de consommation alors qu'économiquement, un pays doit passer d'une économie de production à celle de consommation. Questionné sur le lien entre cette démarche du gouvernement et les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire pour 2009, le ministre a constaté que les investissements directs étrangers engagés en Algérie sont insuffisamment générateurs de devises et, en plus, orientés vers des revenus exportés par ces opérateurs. «Devant cette situation, on se doit de faire des conclusions», a-t-il observé. Citant l'obligation faite aux investisseurs étrangers de dégager une balance devises excédentaire, durant toute la vie du projet, et de se financer en dehors de leur capital par recours au marché domestique, l'argentier du pays a expliqué que cette mesure ne relève pas d'une question comptable mais se place dans une stratégie d'investissement réorientée vers des créneaux d'exportations et créateurs d'emplois. Sur ce point, il a fait savoir que la Banque d'Algérie élabore actuellement un texte réglementaire qui régira les questions relatives à la balance devises des investisseurs étrangers. En effet, explique-t-il, l'Algérie est dans une économie qui réalise de la croissance contrairement à un grand nombre de pays, à travers le monde, qui sont entrés dans la récession et «c'est donc le moment d'édicter de nouvelles règles pour orienter les investissements vers de nouveaux choix». S'exprimant sur le crédit documentaire (Credoc) comme nouveau moyen de payement des importations, M. Djoudi a affirmé que cet instrument de règlement assure la traçabilité, le suivi et le contrôle des opérations de commerce extérieur qui ont généré, jusque-là, «un phénomène de pompe aspirante des devises». Il a ajouté que cet instrument permettra aussi de réduire les importations des produits «qui ne correspondent à aucune demande locale et qui se trouvent, donc, non consommés». Selon ses estimations, les payements par transferts libres représentent 90% des modes de paiement des importations des marchandises et 50% pour les services. Interrogé sur le dispositif d'assainissement des entreprises en cours, le ministre a souligné que les entreprises viables, c'est-à-dire celles qui disposent d'un marché, ont été identifiées. Ces entreprises sont traitées de manière à ce qu'elles soient dotées des capacités pour se développer en leur donnant un fonds de roulement et en réduisant leur dette pour la ramener à un niveau inférieur à leur chiffre d'affaires. Concernant les créances non performantes, elles ont baissé par rapport à l'année 2008 en les ramenant à un niveau de près de 30%, a-t-il noté. Au sujet du marché informel, le ministre a souligné que le volume monétaire circulant hors circuit bancaire représente 22% de la masse monétaire, alors que dans les pays développés, la masse monétaire hors banque correspond à une fourchette allant entre 14% et 15%. A la question relative à la possibilité d'achat par l'Algérie de titres obligataires que le Fonds monétaire international (FMI) compte émettre pour renflouer ses caisses, M. Djoudi a réaffirmé que «ce dossier est à l'étude». A ce propos, il a également révélé que le directeur général de ce Fonds, M. Dominique Strauss-Kahn, a sollicité l'Algérie pour qu'elle souscrive à ces obligations étant donné sa bonne situation financière dans un contexte international de manque de liquidités. Il est à rappeler que la réunion du G20, qui regroupe les membres du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon), et les plus grands pays émergents, tenue en avril dernier à Londres, avait décidé, entre autres mesures, de renforcer les moyens financiers du FMI pour pouvoir faire face aux multiples demandes de prêts des pays gravement touchés par la crise notamment les pays en développement. A cet effet, le FMI a introduit de nouveaux moyens de financement à travers non seulement des accords de prêts bilatéraux et du nouveau dispositif appelé Nouveaux accords d'emprunt (NAE) mais aussi par la possibilité d'émission de titres (émission d'obligations) qui peuvent être achetés par les banques centrales des pays membres ou d'autres institutions financières.