La problématique de l'eau dans le Monde arabe, et dans la région du Proche et Moyen-Orient notamment, les enjeux et défis à relever ainsi que la coopération et la stratégie des pays arabes dans le domaine, ont constitué les points pivots de la première session du Conseil des ministres arabes de l'eau, dont les travaux ont débuté, hier , à Alger, en présence du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, le ministre des Ressources en Eau M. Abdelmalek Sellal, et quelques ministres arabes. Les débats, au cours de cette rencontre, ont tourné autour de la problématique des eaux communes partagées par les pays arabes avec d'autre pays étrangers comme la Turquie et Israël, notamment, l'exploitation irrationnelle et illégale des eaux par l'Etat hébreu au détriment des besoins de la Palestine notamment, ainsi que la Jordanie, la Syrie, et l'Irak, soit le détournement par Israël des eaux arabes. L'eau reste toujours une ressource stratégique vitale et conflictuelle, faut-il le signaler. Selon M. Amr Moussa, l'objectif de ce conseil est de trouver des solutions idoines aux problèmes du stress hydrique, en travaillant et en coopérant ensemble. "Nous devons donc mettre en œuvre une stratégie de sécurité hydrique dans le monde arabe, pour faire face aux défis et aux besoins futurs, élaborer un programme exécutif de suivi de la mise en oeuvre des décisions du sommet du Koweit, adopter un projet de gestion intégrée des ressources en eau pour réaliser un développement durable dans la région arabe" a-t-il indiqué. En effet, le partage de l'eau dans le Proche-Orient est l'un des plus délicats, l'un des plus complexes à résoudre, tant ses implications stratégiques, politiques, économiques et sociales sont multiples et enchevêtrées, notamment dans le cas des fleuves transnationaux. L'eau devient un facteur d'affrontement de par ses enjeux et de ce fait, une arme et un instrument politique. L'eau au Proche-Orient pose donc un double problème. Si l'on peut faire un petit historique sur le détournement par 'Israël des eaux de la région, on constate que depuis 1953, Israël commence à dériver les eaux du Lac de Tibériade pour irriguer la côte et le Néguev, sans consulter la Syrie ni la Jordanie, et prélève une partie des eaux du Jourdain. En 1964 le "National Water Carrier" (transport de l'eau par canalisations) est opérationnel. Depuis 1967, l'invasion du Golan a permis à Israël de disposer du Baniyas ainsi que des nappes et cours d'eau qui parcourent le Mont et lui donnent son surnom de "château d'eau". Le Golan apporte à Israël plus de 250 millions de mètres cube d'eau par an. Le Golan et le Yarmouk fournissent ainsi près du tiers de la consommation totale israélienne. En conséquence, 75% des eaux du Jourdain sont détournés par Israël avant qu'elles n'atteignent les Territoires. Ainsi, depuis l'occupation en Cisjordanie et à Gaza, 70 à 80% des villes et villages palestiniens ne reçoivent que quelques heures d'eau par semaine, obligeant la population à faire des réserves dans des bidons. M. Loïck Fochon, président du Conseil mondiale de l'eau, a ajouté, d'autre part, que la pénurie d'eau constitue une situation variable dans le monde arabe ; pour cela, il fera savoir qu'un processus régionale spécifique pour les pays arabes et les pays méditerranéens est en cours, afin de les aider à leur apporter des technologies pour mieux gérer leurs eaux. M. Fochon n'a pas omis de saluer l'Algérie et son expérience engagée en matière d'eau, notamment les grands projets réalisés dans le dessalement d'eau de mer et le raccordement des villes en réseau d'AEP, le projet du grand transfert d'eau au Sahara "In Saleh à Tamanrasset". "L'Algérie, dit-t-il, suit une politique très harmonieuse en matière d'eau, avec une meilleure gestion de ses champs captant les pays arabes doivent prendre l'Algérie comme référence", a-t-il suggéré, en citant entre autre, l'expérience adoptée depuis une année et demie par l'Algérie, la Tunisie et la Libye dans le domaine de la gestion commune des eaux souterraines. Enfin, selon lui, les sociétés arabes ont besoin d'accroître la sensibilisation de la population. "L'eau mérite la paix, et le partage, c'est l'avenir de l'humanité" a-t-il conclu. De son côté, le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal dira que "la question de l'eau est très importantes ; pour cela, on doit lutter pour recouvrer les droits des nations arabes en matière d'eau". Samira Hamadi