L'impact de la crise financière sur l'économie nationale a été encore une fois au centre des débats à l'Assemblée populaire nationale (APN). Une journée d'étude a été organisée à l'initiative de la commission de l'APN chargée des affaires économiques du développement, du commerce, de l'industrie, et de la planification, ayant pour objectif de rechercher les voies et moyens susceptibles d'enrichir les données économiques et financières ainsi que les outils pour la performance de leur mise en œuvre et l'accompagnement de l'entreprise économique dans la réalisation de ses objectifs. A ce titre, la présidente de la commission, Mme Zoubida Kherbach, a fait part de la nécessité de prendre des mesures efficaces pour préserver l'économie nationale des conséquences de la crise financière mondiale. Elle a jugé qu'"il est plus qu'urgent de réfléchir à la façon de protéger l'Algérie d'une crise financière dont les conséquences néfastes ont touché même les économies les plus fortes dans le monde". D'ailleurs, c'est dans le sillage de cette contamination que s'inscrivent les inquiétudes qui sont plus que jamais apparentes, que ce soit au sein de l'opinion nationale ou parmi les spécialistes du monde de la finance en Algérie. En effet, avec la chute continue des prix du pétrole sur le marché mondial, l'économie nationale est de plus en plus exposée aux risques d'être affectée par les conséquences intervenant en série de ce qui n'était au départ qu'une simple crise de crédits hypothécaires aux Etats-Unis. A ce titre, le secteur de l'agriculture a été amplement touché par cette crise. Un secteur très sensible à prendre au sérieux parce qu'il s'agit de la sécurité alimentaire, qui est indissociable de la souveraineté nationale. A ce propos, le professeur Fouad Chahat a affirmé lors de son intervention sur "les répercussions de la crise sur l'agriculture", que la crise s'est traduite par une "forte hausse des coûts des importations agroalimentaires, qui ont enregistré une hausse spectaculaire, du jamais vu". A titre d'exemple, les prix des céréales ont augmenté de 3.3%, le lait et dérivés (2.6%), les huiles (2.8%), le sucre (1.6%). A souligner, que "la hausse va peser en plus et lourdement sur la balance commerciale et sur la balance des paiements du pays. Cette augmentation réduira les capacités d'investissement du pays, à défaut, du financement de la consommation", précise-t-il. S'agissant d'une éventuelle baisse des prix sur le marché international, l'expert a affirmé que " la tendance haussière persistera, et même si les prix baissent, ils ne vont pas se stabiliser dans leur niveau habituel d'avant 2000. " Par ailleurs, cela dépend aussi de la réussite des politiques de stabilisation de l'offre adoptée dans les grands pays producteurs-exportateurs, notamment aux Etats-Unis d'Amérique et en Europe. Ceci dépend aussi de l'évolution du marché des hydrocarbures, et la nature des politiques en matière de la production des biocarburants. Devant une telle situation, l'expert préconise l'intensification des investissements dans le secteur agricole, la régulation du marché dans la mesure de protéger l'agriculteur et le consommateur, et enfin, l'investissement dans la recherche & développement et la vulgarisation agricole. L'intervenant a déploré la faiblesse du budget alloué à la R&D évalué à 0.4% du PIB, alors qu'il dépasse les 1.1 % aux USA et en Europe. Il est préconisé, dans ce sens, que pour protéger le pays des conséquences de la crise, il est nécessaire de soutenir les entreprises nationales publiques, encourager la production nationale pour lutter contre une concurrence déloyale et assurer une autosuffisance alimentaire. Toutefois, les effets de la crise se résument résolument en l'augmentation du chômage qui viendra s'ajouter à la misère de la population de la planète qui vit en dessous du seuil de la pauvreté, à la baisse de la consommation comme conséquence de la réduction des revenus et à la baisse de l'épargne des ménages. La baisse de la croissance amène directement celle de la production pour les entreprises, a-t-il conclu. Hamid Si Salem