L'investissement agricole, la sécurité alimentaire et la situation sécuritaire en Afrique ont dominé, hier, les travaux des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) dans la ville de Syrte, en Libye, avec la participation d'une forte délégation algérienne, conduite par le président Bouteflika. D'emblée, le Guide de la Révolution libyenne, le colonel Maamar El Gueddafi, a abordé, dans son discours d'ouverture, les questions concernant la coopération dans le cadre de l'Union africaine et sur la scène régionale et internationale. L'urgence, pour El Gueddafi, en ce moment, consiste à accélérer la croissance en Afrique par la promotion du développement agricole pour éradiquer la faim, réduire la pauvreté et l'insécurité alimentaire et augmenter les opportunités sur les marchés d'exportation, d'autant que 80% de la population vit de l'agriculture, d'où la "nécessité" de revoir les modalités de financement de ce secteur pour le rendre plus productif et moderniser l'industrie agroalimentaire. Mais la mise en place de l'Autorité de l'Union africaine constitue la priorité et l'enjeu du Sommet, bien que ce point ne soit pas inscrit à l'ordre du jour. Dans ce contexte, lors du dernier sommet de l'UA à Addis-Abeba (janvier 2009), un long débat sur le gouvernement de l'UA a été lancé pour aboutir à un compromis selon lequel une Autorité de l'UA devrait être créée dans un premier temps avant d'aller vers un gouvernement. Le sommet d'Addis-Abeba avait, rappelons-le, chargé le Conseil exécutif de l'UA de tenir une session extraordinaire afin d'examiner les modalités de mise en place de cette Autorité, ce qui a abouti à la réunion d'avril 2009 à Tripoli au cours de laquelle ces modalités ont été examinées, à savoir le format de la Commission, le mandat de l'Autorité et sa taille. Le rapport de cette réunion a été présenté au Comité exécutif de l'UA, dont la réunion de trois jours s'est achevée mercredi soir à Syrte. Ce document prévoit une Autorité de dix composé d'un président, un vice-président et de huit secrétaires sans prérogatives supranationales. La Libye a, de son côté, fait d'autres propositions pour revoir le format de l'Autorité à 12 avec l'ajout d'un coordonnateur de la politique extérieure et un autre pour l'industrie. Dans ces propositions, la Libye a prévu que l'Autorité puisse représenter les Etats membres sans recourir à un mandat des autres pays. Toutes ces propositions ont été soumises dés l'ouverture des travaux, et à l'heure ou nous mettons sous presse, aucune décision n'a encore été prise. Actuellement, deux approches se dégagent, à savoir les partisans de l'approche "gradualiste" qui proposent d'opter, dans un premier temps, pour des politiques communes pour créer des "maillages" sur des bases plutôt économiques en exploitant les potentialités propre à chaque pays, la priorité devant être d'abord accordée à la paix et la sécurité en Afrique. Quand à la deuxième approche, soutenue par la Libye, elle plaident en faveur de la mise en place "immédiate" de l'Autorité de l'UA. Adnane Cherih