Les invasions de criquets en Afrique sont synonymes de famines. Une lutte acharnée est menée contre la prolifération d'essaims de criquets tec, au moyen de la pulvérisation massive de pesticides.Néanmoins, les pesticides causent également des dégâts dans les rangs d'autres insectes, tels que les pollinisateurs. De même, les études scientifiques sur le sujet, dénoncent depuis plusieurs années l'effet non-négligeable de ces pratiques sur les ennemis naturels des criquets et les hommes. Pour cela, les responsables de campagnes de traitements testent depuis quelques années des traitements alternatifs sans substances chimiques. Néanmoins, fin juin, suite à la détection d'infestations de criquets nomades dans huit régions distinctes du Malawi, du Mozambique, de la Tanzanie et du Zimbabwe, la FAO et l'Organisation internationale de l'Afrique centrale et méridionale contre le criquet nomade (IRLCO-CSA) ont eu pour la première fois recours à un insecticide biologique sur de vastes surfaces en Afrique.C'est la première fois que des bio-pesticides sont utilisés à grande échelle contre les criquets en Afrique. Cette intervention rapide a sensiblement réduit les infestations par les criquets évitant ainsi une invasion massive qui aurait pu détruire les cultures d'environ 15 millions de personnes dans la région, selon l'agence. La FAO a organisé et coordonné cette campagne avec l'Organisation internationale de lutte contre les criquets pour l'Afrique centrale et australe (IRLCO-CSA). Une surveillance aérienne et des opérations de contrôle vont se poursuivre au cours des deux prochaines semaines au Malawi, au Mozambique, en Tanzanie et en Zambie, jusqu'à ce que le péril acridien soit totalement sous contrôle. "Sans cette intervention rapide, impliquant les pays touchés et la communauté internationale, la région d'Afrique centrale et australe aurait pu être confronté à un péril acridien majeur, qui allait compromettre la production agricole et alimentaire pour des millions de paysans pauvres", a déclaré le directeur général-adjoint de la FAO, Modibo Traoré. "Cet effort concerté et coordonné de tous les partenaires impliqués dans cette campagne est un exemple pour la lutte contre les autres insectes nuisibles transfrontaliers qui menacent la région", a-t-il indiqué. Les études menées au Malawi, au Mozambique, en Tanzanie et au Zimbabwe par l'IRLCO-CSA et les ministères de l'Agriculture ont révélé des graves infestations par les criquets, particulièrement en Tanzanie. Les pays touchés ont lancé un appel d'urgence à la FAO pour une aide puisqu'ils ne disposent pas de suffisamment de ressources et de l'équipement nécessaire pour réagir instantanément à des infestations à grande échelle dans les régions difficiles d'accès. "La Tanzanie est un des premiers pays exposés car il renferme quatre des huit foyers reconnus de péril acridien d'Afrique centrale et australe", souligne l'agence. "Les camp gnes de lutte contre les criquets sont très complexes au plan logistique et nécessitent des interventions précises et bien ciblées utilisant les tactiques les plus appropriées pour réduire les infestations et éviter les effets indésirables sur l'environnement", a déclaré Christian Pantenius, un spécialiste de la lutte contre le péril acridien de la FAO. "La campagne de cette année contre le criquet pèlerin a réuni tous les acteurs importants à temps pour prévenir une situation potentiellement dangereuse. Le Fonds central d'intervention d'urgence de l'ONU a contribé à hauteur de 02 millions de dollars, dans le cadre de son premier projet régional, pour permettre la surveillance aérienne et le lancement rapide des opérations de contrôle. Si on ne les détruit pas, de larges essaims de criquets vont survoler de vastes superficies de terres arables, en parcourant une distance de 20 à 30 km par jour se nourrissant de céréales, de canne à sucre, d'agrumes et d'arbres fruitiers, de coton et de légums cultivés la plupart du temps par des paysans pauvres.” Un criquet adulte consomme à peu près son propre poids, soit environ deux grammes de nourriture fraîche, en 24 heures. Dalila T.