La situation acridienne demeure grave au Yémen. On s'attend à ce que des essaims de criquet pèlerin traversent l'océan Indien à partir de l'Ethiopie et du nord de la Somalie et puissent atteindre l'Inde et le Pakistan dans les prochains jours, a indiqué hier l'organisation onusienne pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) dans un bulletin spécial, qui souligne que cette situation potentiellement dangereuse devrait être suivie de près dans ces deux pays. De fortes précipitations récemment tombées au Pakistan et dans l'ouest de l'Inde, lors du passage de deux cyclones tropicaux ,vont créer jusqu'en octobre des conditions favorables à la reproduction du criquet pèlerin le long des deux côtés de la frontière indo-pakistanaise et, pour la première fois depuis des années, dans les régions côtières du Pakistan occidental. Avertis, les gouvernements de l'Inde et du Pakistan mobilisent équipes de terrain, ressources et équipements au Rajasthan et dans le Gujarat (Inde) ainsi que dans les régions adjacentes des déserts du Cholistan et du Tharparkar (Pakistan). Par ailleurs, on se demande si cette menace acridienne pèse, également, sur l'Algérie au même titre que ses voisins. Selon le ministère de l'Agriculture, l'Algérie n'est pas menacée par une invasion à grande échelle car toutes les mesures de lutte ont été prises et sont toujours opérationnelles. Des opérations de lutte ont déjà été entamées dans les zones infestées dans l'ouest du pays. Toutefois, elles restent limitées. Avec l'arrivée de la saison sèche, les criquets migrent certes vers les pays du Maghreb mais, la reproduction de ces insectes se limite à de petites bandes larvaires dans certaines zones de cultures irriguées et qui peuvent être traitées sans difficulté. Mais la vigilance reste toujours de mise. Car, les criquets peuvent surprendre. "Ces insectes volent habituellement avec le vent et peuvent parcourir jusqu'à 100 à 150 kilomètres par jour", indique un expert de la FAO. Les criquets peuvent rester en vol durant de longues périodes. Par exemple, des criquets traversent régulièrement la mer Rouge, une distance de 300 kilomètres. Traverser l'océan Indien lors des vents de mousson fait partie du cycle de migration naturel du criquet pèlerin et cela s'est déjà produit dans le passé. Pendant ce temps, le Yémen affronte la plus grave résurgence acridienne depuis près de 15 ans. Les criquets pèlerins ont infesté de vastes zones dans l'hinterland, le long du bord méridional du Rub'al-Khâli, s'étendant de Marib à la frontière d'Oman. Les effectifs acridiens devraient augmenter, considérablement, car une deuxième génération de reproduction se poursuit dans ces régions. Les cultures du Wadi Hadramaout et d'autres zones, y compris des plateaux de Sanaa, pourraient être menacées. La FAO prépare une campagne de lutte aérienne d'urgence qui doit démarrer dans les prochains jours dans l'hinterland yéménite. D'un coût de 5 millions de dollars, cette campagne est financée par le Fonds central d'intervention d'urgence des Nations unies (2,4 millions de dollars), le gouvernement du Japon (2 millions de dollars) et le gouvernement du Yémen. Ces fonds vont couvrir la location de deux hélicoptères et de véhicules, l'achat de pesticides et d'équipements ainsi que les émoluments d'experts en logistique et en lutte antiacridienne. La durée initiale de la campagne devrait être de 30 jours mais pourrait se prolonger en fonction des évolutions météorologiques et acridiennes. En cas d'échec, un grand nombre d'essaims pourraient se former et envahir en automne les pays situés le long des deux côtés de la mer Rouge. Les criquets pèlerins sont des insectes migrateurs qui se déplacent souvent en essaims gigantesques. Un criquet pèlerin vit de trois à cinq mois. Son cycle biologique comporte trois stades: œuf, larve et ailé. Un ailé de criquet pèlerin consomme quotidiennement plus ou moins son propre poids en nourriture fraîche, soit environ deux grammes. Une toute petite partie d'un essaim de taille moyenne mange autant en une journée qu'environ 2 500 personnes.