C'est une bouffée d'oxygène pour les entreprises publiques économiques. Les pouvoirs publics ont décidé de soutenir financièrement les entreprises publiques. Ce qui constitue un changement de cap. Il y a deux ans, il était question d'accélérer la privatisation de quasiment l'ensemble des 1 200 entreprises publiques, et de dissoudre en cours de route celles non viables. Aujourd'hui, les pouvoirs publics ont décidé de conserver dans le giron de l'Etat des centaines d'entreprises qui étaient en voie de privatisation. Ces décisions semblent concrétiser la volonté de président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika d'aller vers une autre orientation économique, tant il a été déçu par les résultats des privatisations et de l'investissement étranger. Une politique prônant un retour au patriotisme économique est donc appliquée. Dans cette optique, et lors de ses réponses aux questions des sénateurs le ministre des Finances M. Karim Djoudi, a réaffirmé la détermination de l'Etat de récupérer les EPE viables. Selon sa déclaration, l'Etat s'apprête à concrétiser un programme de soutien financier au profit de plusieurs entreprises publiques en procédant à " l'augmentation de leurs capitaux ou à l'achat de leurs dettes ", le premier argentier du pays a laissé entendre, que le soutien de l'Etat au secteur public sera "illimité ". " La plupart des entreprises concernées activent dans les transports aérien et ferroviaire et dans l'agriculture ". " Toutes ces entreprises qui seront touchées par ce programme jouissent de grandes potentialités et d'un poids certain sur le marché national ", a-t-il ajouté. Dans ce sillage, le plan de redressement touchera à présent trois fleurons de l'industrie publique, il s'agit de la SNVI et la SNTF, et du complexe moteurs tracteurs (CMT). Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales vient de signer plusieurs contrats avec de grosses entreprises publiques algériennes, pour un montant dépassant les 40 mds de dinars, ayant pour objectif d'assurer des plans de charges à des entreprises publiques. Les effets de ces commandes sont encore plus importants pour l'ENMTP, puisqu'ils représentent 65% du chiffre d'affaires attendu par l'entreprise pour la période 2009-2011. En effet, le gouvernement a failli effacer les dettes des entreprises publiques en 2005. Une enveloppe de 35 milliards de dinars aurait été débloquée dans le cadre de la loi de finances 2005 pour permettre au Trésor public de racheter les dettes des entreprises publiques auprès des banques. Le gouvernement a fait machine arrière et l'opération a été reportée. Toutefois, tout a été recommencé par le gel des découverts financiers de 146 entreprises publiques non performantes, en attendant l'élaboration d'un plan de redressement financier qui sera décidé par un comité interministériel. Ce comité est composé de représentants du ministère des Finances ainsi que celui de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, chargé d'adopter un plan de redressement financier pour régulariser la situation interne de ces entreprises. A préciser, que la décision du gel n'est pas chose nouvelle. L'Etat y a déjà recouru par le passé. Il le fait quand il s'aperçoit que des entreprises publiques algériennes travaillent à perte ou tournent avec trois ou quatre employés seulement. Sur, à peu près, 1.000 entreprises, l'Etat en a dénombré deux catégories : la première de près de 200 entreprises classées viables et la seconde de 146 autres jugées non viables. Pour ce qui est du groupe viable, c'est-à-dire les entreprises qui ont des perspectives de marché, celles qui sont en mesure de répondre au plan de charges du marché et de créer de l'emploi en Algérie, elles bénéficieront d'un plan de redressement, et intervenant comme levier de l'activité économique, l'Etat rachètera leurs dettes et leur accordera un fonds de roulement, ce qui leur permettra de consolider leur viabilité. Tandis que pour ce qui est des 146 entreprises algériennes non viables ce sont des entreprises qui ont un passif supérieur à l'actif. Dans ce cas, l'Etat gèlera leurs découverts financiers en Algérie et prendra en charge les dividendes, c'est- dire les intérêts de ces dettes, entre temps, elles auront, elles aussi, droit à des plans de restructuration, et les laisse donc en activité. Ces entreprises jugées non performantes seront, pour ainsi dire, quasiment mises en demeure pour être reprises en main soit par la restructuration ou alors par le partenariat, mais si leur relance n'est pas réussie, elles disparaîtront. Hamid Si Salem