396 entreprises publiques ont été privatisées jusqu'à juin 2006, a indiqué le ministre de la Participation et de la Promotion des investissements (MPPI), Hamid Temmar, lors d'une rencontre avec les éditeurs de presse le 6 octobre. 396 entreprises sur les 1200 proposées à la privatisation depuis maintenant huit ans. Malgré le maigre bilan réalisé, le ministre, n'a pas été, comme à l'accoutumée, avare en propos sur la bonne conduite du processus mais surtout sur sa transparence ! C'est justement de cette transparence dont il est question aujourd'hui. Un mot qu'on prononce à chaque occasion pour rassurer mais qui perd tout son sens à la lumière de la réalité. Le processus de privatisation cher à Mr Temmar en est la parfaite illustration. En effet, à l'exception du nombre des entreprises, nous ne connaissons absolument rien sur le nom des entités privatisées ni sur l'identités des repreneurs. Interpellé à maintes reprises par les journalistes, Hamid Temmar affirme ne rien cacher. Lors d'un passage au Forum hebdomadaire de l'ENTV en janvier dernier, le ministre, en réponse à une question d'El Watan sur le manque de transparence dans les opérations de privatisation, avait promis de publier toute la liste des entreprises privatisées sur le site web de son département. Une promesse qui n'a pas été tenue puisque huit mois après, aucune liste n'a été publiée. Pis, le site web du ministère n'est même pas actualisé. Interpellé encore une fois le 06 octobre dernier sur la même question, Hamid Temmar s'est dit disponible à fournir toutes les informations sur les opérations de privatisation déjà conclues. Il a même invité les journalistes à se rapprocher de son département pour avoir la liste complète des entreprises privatisées. Mais malheureusement, toutes nos tentatives de joindre les responsables du ministère pour obtenir un rendez-vous, sont restées vaines. Il faut dire qu'en matière de communication, le MPPI est loin de donner l'exemple. La cellule de communication du ministère est tout simplement inconnue du bataillon. L'on ne peut toutefois que souhaiter à ce que le mutisme du département Temmar sur les noms des entreprises privatisées et leurs repreneurs soit mis sur le dos de la carence en communication et non pas d'une volonté délibérée de rétention de l'information, car si c'est le cas, la transparence dont se targue le ministre ne serait alors que verbiage. Pour plusieurs opérateurs économiques nationaux et étrangers intéressés par la reprise de certaines entreprises publiques, c'est surtout le mode opératoire poursuivi dans les opérations de privatisation qui est décrié. D'après eux, les repreneurs doivent déposer une manifestation d'intérêt et attendre que le comité des participations de l'Etat (CPE) décide de la suite à donner. Aucune publicité n'est faite autour de la délibération, ni sur l'identité du repreneur. Ce sont les repreneurs eux-mêmes qui rendent public l'identité des entreprises qu'ils ont reprises. Un ancien président de Holding qui s'est exprimé sur les colonnes du supplément économique d'El Watan, avait affirmé que " si les privatisations sont restées bloquées aussi longtemps c'est bien parce qu'il y' avait un bras de force en équilibre au sein du pouvoir pour éviter que les uns en profitent au détriment des autres. Nous préparions des dossiers ficelés, ils restaient dans les tiroirs du gouvernement ". Tout en affirmant que le choix des privatisations ne peut plus être remis en cause, l'ensemble des acteurs économiques du pays relève cependant que la stratégie adoptée en la matière n'est pas claire. Le vice-président du Conseil économique et social (CNES), Mustapha Mekideche, intervenu lors d'une conférence organisée par le Forum d'El Moudjahid sur le processus de privatisation, avait estimé que " l'objectif pour lequel les pouvoirs publics ont opté pour la privatisation est celui d'accélérer la libéralisation de l'économie, d'alléger les charges financières de l'Etat et de réhabiliter les entreprises. Toutefois, à voir les résultats négatifs du processus lancé il y a quelques années, les facteurs endogènes et exogènes aux opérations de privatisation montrent qu'il s'agit d'un problème de manque d'attraction et d'incitation à l'investissement lié au mauvais climat des affaires ". Les interférences existantes entre entités et institutions chargées de la privatisation sont par ailleurs l'un des principaux facteurs du blocage du processus, souligne l'économiste. Pour certains syndicalistes, l'arsenal juridique élaboré dans le cadre de la mise en œuvre du processus de privatisation est aujourd'hui "foulé au pied". L'exemple de la Commission nationale de contrôle de la privatisation qui, selon lui eux, n'a jamais siégé depuis sa création, en est la preuve.