Le baril est inexorablement otage des spéculateurs. Ainsi, il a suffi d'un seul courtier, lançant des transactions massives... et non autorisées, pour que le baril de brut grimpe à plus de 73 dollars en début la semaine dernière. Néanmoins, depuis que l'affaire de ce qui est désormais appelé le trader fou a été révélée, les cours du brut ont perdu plus de 10 % de leur valeur. Hier encore les cours du brut dégringolaient encore atteignant un plus bas de cinq semaines en début d'échanges européens, frappés par les incertitudes sur l'économie mondiale, malgré les violences au Nigeria. A 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août perdait 1,73 dollar, à 63,88 dollars, par rapport à la clôture de vendredi soir (65,61 dollars), sur l'InterContinental Exchange (ICE). A New York, le baril de "light sweet crude" pour livraison en août lâchait quant à lui 1,58 dollar à 64,05 dollars, contre 65,63 dollars vendredi soir. Dans la matinée, les cours ont crevé le plancher des 65 dollars et plongé jusqu'à 63,68 dollars à Londres et 63,85 dollars à New York, leur niveau le plus faible depuis le 28 mai. En Asie, dans les échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" pour livraison en août perdait 1,89 USD à 64,84 USD. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août chutait de 1,01 dollar à 64,60 USD. "Les cours creusent leurs pertes de la semaine dernière à cause du mauvais rapport sur l'emploi aux Etats-Unis", a souligné Tony Nunan de Mitsubishi Corp à Tokyo. En une semaine, les cours du pétrole ont perdu quelque 5 dollars sur un marché craignant d'avoir tablé trop tôt sur une reprise de la consommation d'hydrocarbures. Pour les analystes du cabinet viennois JBC Energy, l'on assiste actuellement à un "ajustement par rapport à des anticipations exorbitantes de reprise économique lors des dernières semaines". Les cours du pétrole avaient accéléré fortement leur rebond au mois de juin, dopés par une floraison d'indicateurs économiques encourageants, jusqu'à atteindre 72,92 dollars à New York (le 11 juin) et 73,50 dollars à Londres (le 30 juin). Ils pâtissent dorénavant d'un retour de l'anxiété chez les investisseurs, notamment depuis la parution jeudi de chiffres inquiétants sur l'emploi américain. Les cours de l'or noir souffrent aussi d'un raffermissement du billet vert face à l'euro, érodant le pouvoir d'achat des investisseurs pour les matières premières, et ils évoluent dans le sillage des Bourses, en net recul lundi matin. "Le déclencheur a été sans aucun doute la brutale baisse des marchés d'actions" jeudi, estime ainsi Marius Paun, analyste chez ODL Securities. "Combinées au dollar américain, les Bourses devraient continuer à guider les prix du pétrole", estime-t-il. En toile de fond, le marché s'inquiète de la faiblesse persistante de la consommation de carburants aux Etats-Unis alors que la "driving season" (saison des grands déplacements automobiles) aurait dû s'accompagner d'un pic de consommation d'essence. De nouveau obnubilés par la demande, les opérateurs faisaient fi des violences persistantes au Nigeria, qui avaient pourtant contribué à soutenir les cours lors des dernières semaines. Les rebelles nigérians du Mend ont affirmé lundi avoir détruit une installation du groupe pétrolier américain Chevron au Nigeria, quelques heures après avoir revendiqué une attaque contre un puits du géant anglo-néerlandais Shell. Synthèse Samira G.