Les cours du brut ont dépassé pour la première fois le seuil de 92 dollars le baril vendredi dans les échanges électroniques en Asie, en montant à 92,22 dollars, le marché s'inquiétant de la tension croissante au Moyen-Orient, selon des courtiers. Les analystes parient désormais sur la poursuite de cette flambée des cours du brut dans les prochains mois et pronostiquent un cours du baril à 100, voire 120 dollars. Le baril de "light sweet crude" pour livraison en décembre est monté jusqu'à 92,22 dollars aux alentours de 07H00 GMT, peu après que l'euro eut établi un nouveau record face au billet vert, à 1,4374 dollar. A 07h30 GMT, le brut était redescendu à 91,96 dollars le baril, en forte hausse de 1,50 dollar par rapport à la veille où il avait clôturé à 90,46 dollars à New York. Les prix du Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre étaient également en forte hausse, prenant 1,47 dollar à 88,95 dollars à 3h30 GMT, après avoir grimpé jusqu'à 89,30 dollars le baril, au-dessus du record enregistré jeudi à Londres (87,59 dollars). Cette hausse s'explique par les tensions croissantes au Moyen-Orient après les menaces d'intervention militaire turque en Irak et les nouvelles sanctions prises par Washington contre l'Iran. "Les Etats-Unis ont décidé de nouvelles sanctions vis-à-vis de l'Iran" et "les marchés pétroliers gardent également un œil sur les nouveaux développements concernant les tensions actuelles entre la Turquie et les rebelles kurdes en Irak", indiquent les analystes du Commonwealth Bank of Australia. De nombreux gisements de pétrole irakiens sont situés dans le nord du pays, et un éventuel conflit avec la Turquie pourrait perturber l'offre, selon les analystes. Par ailleurs, le marché pétrolier réagit à une forte baisse des stocks pétroliers américains annoncée la semaine dernière, alors que l'hiver approche dans l'Hémisphère nord. En effet, les opérateurs ont réagi au rapport du département américain de l'Energie (DoE) sur les stocks, qui a fait état d'un déclin surprise des réserves de brut, mais aussi d'essence et de produits distillés (diesel et fioul de chauffage). Les stocks de brut ont baissé de plus de 5 millions de barils, et les stocks d'essence et de produits distillés ont baissé d'environ 2 millions de barils chacun. Les opérateurs, qui depuis vendredi dernier, liquidaient une partie de leurs positions dans l'hypothèse d'un ralentissement de la croissance mondiale de nature à affecter la demande pétrolière, ont été prompts à changer leur fusil d'épaule. Les inquiétudes diffuses quant à d'éventuelles pénuries cet hiver, pic de consommation de produits de chauffage dans l'Hémisphère nord, ont été réveillées par ce rapport du DoE. Face à cette flambée, les Etats-Unis ont appelé l'Opep à faire un geste. Mais le cartel, qui s'est déjà engagé à mettre sur le marché 500.000 barils de brut par jour à partir du 1er novembre, accuse les spéculateurs d'être à l'origine de cette hausse et soutien que les cours élevés ne proviennent pas d'une insuffisance de la production.