Les organisateurs du deuxième Panaf ont ouvert la villa Abdelatif sur les hauteurs d'Alger pour accueillir en résidence, des artistes. Les accueillir en résidence veut dire qu'on leur donne un espace confortable dans lequel chacun pourrait méditer, réfléchir créer une œuvre contemporaine. Car il semble que l'envie d'attirer les artistes sur leur territoire afin d'en revaloriser l'image, d'y proposer des modes relationnels différents de ceux offerts par les stricts échanges commerciaux ou l'implantation d'entreprises de production, est de plus en plus largement répandue auprès des collectivités locales surtout d'ailleurs. A l'occasion du Panaf la villa Abdelatif, une pure architecture moresque dans laquelle on expose souvent des œuvres plastiques, des premiers tours de manivelle, héberge en ce moment trois artistes. Selon Abdellah Zerguine, commissaire de la résidence pour les arts visuels, le "panafricain se distingue, dans une partie de son volet sur les arts visuels, par la résidence " assure ce galeriste et spécialiste de l'animation culturelle. Il faut savoir que l'Algérie contrairement à tout les autres pays du monde n'a jamais encouragé ce genre d'espace créatif hormis en 1962, date de l'indépendance où notre pays avait tant besoin de ces hommes et de femmes de lettres pour traduire de façon artistique la révolution. Il est courant à ce que des ateliers d'écriture ou des concours de poésie ou autres soient organisés par des structures culturelles, mais chacun reste chez lui pour proposéer un produit qui sera jugé en vase clos. La résidence d'artiste c'est complètement différent. Pas plus de trois artistes sont actuellement des pensionnaires à la villa Abdelatif. Il s'agit de l'algérien Yassine Mekhnache, artiste peintre, pas connu du tout, l'africain David Brazier du Zimbabwe, photographe et Alozie Onyrioha, artiste du Nigéria, spécialisé dans la discipline des installations. Notre algérien Yassine Zerguine qui est tout à fait jeune a déjà paraphé depuis son installation à la villa trois tableaux de grande dimension représentant la transmission de ses racines. Ces trois immenses toiles représentent son grand-père et sa grand-mère, unis par les liens du sang à son auto portrait. C'est en fait un tableau figuratif qui représente de façon métaphorique une filiation. De son coté, David Brazier a déjà cumulé plusieurs reportages photographiques. Un détail d'importance, les thèmes abordés doivent nécessairement s'articuler autour des scènes de vie à Alger et celles de la Casbah en particulier. Une façon comme une autre de demander aux artistes africains de produire nos propres images, bien entendu différentes de celles exotiques que les français produisaient lors de la colonisation. Important donc de donner à voir par nous mêmes notre propre réalité souvent déformé, travestie par les médias occidentaux qui voient en l'Afrique un continent de malédiction. Pour revenir à David Brazier, celui-ci se spécialise dans la représentation des portes et des fenêtres et le portrait des enfants. Le Nigérian concentre sa création artistique dans le thème de la préservation de l'environnement. Pour se faire, il récupère des objets de récupération tels des canettes, sacs et bouteilles en plastiques, pour en faire une œuvre, manière de défendre l'air saint. Ceux qui ne peuvent pas voir ces artistes au labeur, peuvent néanmoins rencontrer leurs œuvres puisque celles-ci seront présentées au cours de ce deuxième Festival culturel panafricain dans les cinq salles d'exposition de la villa Abdeltif. Abdellah Zerguine préside depuis dix ans l'association, "Regard Sud" qui active à Lyon. Son objectif est de faire connaître en France les artistes des pays du sud. Il organise ses manifestations culturelles et artistiques dans sa propre galerie et dans la prestigieuse institution, en plein centre de Lyon, des frères Lumière qui ont fondé le cinéma en 1895. L'auteur déjà de dix grandes rencontres sur le cinéma et d'une quarantaine d'expositions. Parmi les invités de ses expositions figurent de nombreux algériens dont la photographe Farida Hamak, bien connue pour ses reportages au Moyen-Orient. Que ces résidences se multiplient ! Yasmine Ben