L'économie brésilienne pourrait sortir de la récession plus rapidement que prévu. C'est ce qu'indique une étude de l'Organisation pour la coopération et le développement économique publiée mardi. Et c'est également ce que prévoit le gouvernement, qui attend une croissance de 2,5 % à 3,5 % en 2010. L'OCDE table sur une reprise dès le deuxième semestre 2009, soutenue à la fois par le plan de relance et une politique budgétaire et monétaire plus flexible, qui stimule la consommation. Dans cet immense pays, fort de 190 millions d'habitants, le marché intérieur reste un facteur clé de la croissance. L'OCDE a revu à la hausse sa prévision, annonçant un recul de seulement 0,8 % pour cette année et une croissance de 4 % en 2010, meilleure donc que celle affichée par le ministère des Finances. Le Brésil, à l'instar des grandes économies de la planète, n'a pas échappé à la crise mondiale. "Les conditions financières se sont considérablement resserrées à partir de septembre 2008", précise l'organisation, entre l'assèchement du crédit aux entreprises, y compris à l'export, la hausse du coût de l'emprunt et la dépréciation de plus de 40 % du real. Résultat, les exportations et la production industrielle ont subi un brutal coup de frein à la fin de l'année dernière. Mais en même temps, souligne l'OCDE, le Brésil a mieux résisté que les autres économies émergentes. La mise en place du real flottant en 1999 l'a contraint à adopter une politique économique solide qui inspire confiance aux investisseurs. L'inflation et les dépenses publiques sont bien mieux maîtrisées que par le passé, avec un ratio de dettes publiques sur PIB autour de 45 %, et le pays a fortement réduit sa vulnérabilité extérieure. "Le Brésil a su utiliser les cycles de croissance de 2002-2003 pour améliorer la situation budgétaire et augmenter les réserves", relève Carlos Quenan, professeur d'économie à l'institut des hautes études de l'Amérique latine. Le déficit des dépenses publiques est ainsi passé de 3,4 % du PIB à 1,5 % entre 2000 et 2008 et le pays dispose d'un confortable matelas : près de 200 milliards de dollars de réserve. Un secteur bancaire en bonne santé et le faible endettement des entreprises et des ménages ont aussi aidé à passer la tourmente financière. De plus, comme l'indique Carlos Quenan, la politique de relance - baisses d'impôt ciblées et investissements en infrastructures, soit 1,8 % du PIB -, n'entraînera pas de fortes dégradations des comptes publics. La reprise s'appuie par ailleurs sur un assouplissement de la politique monétaire. Après avoir dépassé les 15 % en 2008, le taux directeur, le Selic, a été progressivement ramené, à partir de janvier, en dessous des 10 %. Et le gouvernement a incité les grandes banques publiques à réduire les taux des crédits à la consommation. Résultat, les dépenses sont reparties à la hausse depuis avril et la baisse de la production industrielle tend à ralentir. L'OCDE souligne que la croissance a permis "une meilleure distribution des revenus, même si elle reste très asymétrique dans le pays, ce qui est de bon augure". Attention cependant à ne pas se reposer sur ses lauriers. Il faut poursuivre les réformes pour assurer une croissance sur le long terme, notamment réformer les impôts indirects et les prélèvements sur le travail et afficher des règles claires pour l'exploitation des gisements de pétrole et de gaz, précise l'organisation.