La Chine a surmonté la crise et a contribué à relancer l'économie mondiale. Mais elle doit dorénavant faire tout pour éviter que la reprise se transforme en bulle, a prévenu l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans un rapport publié ce mardi. "La Chine s'éloigne rapidement (de la crise) et a été un moteur de croissance pour l'économie mondiale", s'est félicité Pier Carlo Padoan, vice-secrétaire général et économiste en chef de l'OCDE, à Pékin. En 2009, la croissance chinoise a atteint 8,7%. La reprise a été rendue possible par les mesures de relance "largement basées sur les investissements dans les infrastructures et le crédit", a poursuivi l'économiste en chef. L'encours total des prêts accordés a atteint 9.590 milliards de yuans (966 milliards d'euros) en 2009, contre 4.900 milliards en 2008. Néanmoins, l'excès de crédit bancaire en Chine pourrait menacer la stabilité des institutions financières de la troisième économie de la planète, a averti l'OCDE mardi dans un rapport appelant à davantage de réformes structurelles et de marchés. Toutefois, dans cette étude consacrée à la Chine, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) souligne aussi les performances économiques de ce pays, mises en lumière par la récession mondiale. Mais "alors que les banques chinoises ont été abritées jusqu'à présent du ralentissement mondial, l'accélération de nouveaux prêts depuis début 2009 apporte le risque de voir une nouvelle hausse des prêts non performants dans les années à venir", estime l'étude. L'OCDE est aussi "préoccupée par les pressions inflationnistes qui montent rapidement", a souligné M. Padoan. "Nous sommes heureux que les risques déflationnistes qui étaient rampants, se dissipent, mais les risques inflationnistes arrivent d'une façon préoccupante", a-t-il dit. "Nous saluons les mesures récentes prises par les autorités pour traiter les pressions inflationnistes mais il faudra surveiller de près" la situation, a-t-il ajouté. L'économiste de l'OCDE Richard Herd a notamment cité les hausses de prix de l'immobilier, "à Pékin et Shanghai, ou dans le Sud - mais pas dans le reste du pays". M. Herd a par ailleurs appelé la Chine à laisser sa monnaie s'apprécier. "Dans les économies en rattrapage comme la Chine, une appréciation réelle est un phénomène normal et attendu", qui peut passer par une appréciation nominale ou par l'inflation, mais "choisir l'inflation créerait des distorsions extrêmement préjudiciables à une croissance durable", a-t-il déclaré. Le taux de change du yuan, de facto réarrimé au dollar depuis l'été 2008, est de longue date un sujet de contentieux entre la Chine et ses partenaires commerciaux.