La Banque mondiale déclare qu'une rechute en récession n'est pas exclue pour certains pays si les investisseurs se mettent à douter des mesures en Europe et ailleurs pour remettre de l'ordre dans les finances publiques. Dans ses Perspectives économiques mondiales pour 2010, la Banque mondiale note qu'un ralentissement de la croissance dans les pays développés va limiter le nombre de débouchés pour les produits fabriqués dans les pays en voie de développement et, partant, se traduire par une baisse des investissements. A ce stade, les craintes de voir les difficultés grecques se propager à d'autres pays très endettés, tels le Portugal et l'Espagne, n'a pas pesé sur l'activité économique dans les pays en voie de développement, poursuit la Banque mondiale. "Si les marchés commencent à remettre en cause la crédibilité des efforts pour résorber les dettes, alors la croissance mondiale pourrait être mise en danger et une rechute en récession n'est pas exclure", poursuit l'établissement dans son rapport. La Banque mondiale plaide pour une consolidation budgétaire de grande ampleur dans les pays développés, en notant que si l'endettement des Etats continuait à augmenter, le coût de crédit serait de plus en plus élevé. La croissance mondiale devrait s'élever entre 2,9% et 3,3% cette année, selon les dernières prévisions de la Banque Mondiale publiées ce mercredi. Le dynamisme économique devrait être bien plus important dans les pays en développement: l'institution estime que la croissance pourraient atteindre 6,2% en 2010. Dans les pays riches, le Produit intérieur brut (PIB) devrait progresser de 2,1 à 2,3%. "Notre scénario de base suppose que le problème de la dette est gérable et que les marchés financiers sont stabilisés", et prévoit que "les pays en développement vont encaisser un choc limité", a précisé l'économiste en chef de la Banque mondiale, Justin Lin. Dans cette hypothèse, "la reprise se heurte à de nombreux obstacles de taille à moyen terme, notamment des flux internationaux de capitaux limités, un taux élevé de chômage et des capacités excédentaires dépassant les 10% dans de nombreux pays". La Banque Mondiale a également esquissé un "scénario du pire" en cas du défaut de paiement d'un ou de plusieurs pays, qui provoquerait une nouvelle crise de confiance à l'échelle mondiale. Cette hypothèse, jugée peu probable, ferait retomber les pays développés dans la récession en 2011 et amputerait la croissance dans les pays en développement. La croissance mondiale pourrait alors être réduite de 0,4 point de pourcentage en 2010, puis de 0,9 point en 2011 et de 1,4 point en 2012.Pour sa part, le Fond monétaire international a estimé que l'économie mondiale se redresse plus rapidement que prévu après la récession mondiale, mais le rythme de la reprise est inégal et pourrait être plus rapide si la coordination était meilleure et si les politiques appropriées étaient appliquées. Après une réunion des ministres des finances et des gouverneurs de banque centrale du Groupe des Vingt (G-20) qui s'est tenue à Busan, en Corée du Sud, M. Strauss-Kahn a déclaré aux journalistes que, selon les simulations du FMI, la production mondiale pourrait être rehaussée de 2,5 % sur les cinq prochaines années si le G-20 continuait de coordonner son action et évitait les pièges. " Si l'action reste coordonnée, l'économie mondiale peut obtenir de bien meilleurs résultats, et la croissance mondiale pourrait être rehaussée de 2,5 %, ce qui représenterait 30 millions d'emplois à l'échelle mondiale ", a noté M. Strauss-Kahn. Si, toutefois, les dirigeants mondiaux, qui devraient se rencontrer fin juin à Toronto, n'attaquaient pas de front les problèmes de l'économie mondiale, un scénario négatif risque aussi de coûter environ 30 millions d'emplois. " Ce qui est donc en jeu à Toronto, à savoir la différence entre une bonne politique et une mauvaise politique, c'est 60 millions d'emplois ". Bien que le monde sorte de la récession et de la crise financière mondiale, les pays font face à diverses menaces, notamment des déficits budgétaires préoccupants dans certains pays avancés, la perspective de bulles des actifs dans quelques pays émergents et le risque que l'assainissement des finances publiques dans une partie du monde aient des répercussions sur la croissance ailleurs, en particulier dans des pays exportateurs à croissance plus rapide.