Les négociants en cobalt n'en reviennent pas. Norilsk, un poids lourd dans la production de ce petit métal, les invite aujourd'hui à participer aux enchères qu'il organise demain pour liquider ses stocks. Une révolution pour une compagnie qui a toujours snobé les intermédiaires estimant que les contrats passés avec les utilisateurs directs préservaient un prix juste. Mais depuis que la société russe a fait affaire avec les Américains d'OMG, les choses ont changé. Norilsk a mis la main sur le nickel et le cobalt du groupe centré sur la chimie, en contrepartie, il lui permettrait de commercialiser toute sa production de cobalt, soit le quart de la production mondiale. Depuis l'annonce de ce rapprochement, en décembre dernier, les cours du cobalt grimpent, cette semaine la livre vaut en moyenne 26 dollars, du jamais vu depuis trois ans. Pour les négociants, le virage de Norilsk signifie la fin des bas prix avancés par le producteur sur son site internet et qui ont tendance à plomber le marché. Selon Georges Pichon, acteur et expert de ces marchés, cette hausse n'a rien d'extraordinaire. Le prix du cobalt pouvant varier entre 5 et 50 dollars, on est donc encore loin des sommets arides susceptibles de remettre en cause l'usage de ce métal. En revanche, notre interlocuteur salue la manœuvre de Norilsk : le groupe dirigé par un proche de Vladimir Poutine, colle à la stratégie du Kremlin visant à privilégier le contrôle des matières premières stratégiques. Le marché du cobalt jusqu'alors dominé par le négoce avec des acteurs de premier plan comme le suisse Glencore pourrait à l'avenir être contrôlé par les producteurs. Georges Pichon s'interroge : un oligopole n'est-il pas en train de se former à la faveur de ce rapprochement russo-américain ? Une évolution qui n'enlève rien à la fortune de ce petit métal incrusté dans notre quotidien pour un bon moment. Très prisé pour les superalliages en aéronautique, le cobalt est aussi indispensable pour les batteries rechargeables de nos téléphones, nos baladeurs. Côté matières premières agricoles, c'est le cours de vanille qui vacille. Trois ans après la folle spéculation, qui a porté les cours de la vanille à des sommets, autour de 550 dollars le kilo pour l'origine Madagascar, les cours sont retombés à leur plus bas niveau depuis dix ans, 20 dollars en moyenne pour la première qualité malgache. La brusque envolée des cours avaient fait fuir les glaciers et autres fabricants de produits au goût vanillé, mais à la plus grande satisfaction des négociants, leur désaffection n'aura été que temporaire. Avec la baisse amorcée depuis deux ans, ils sont revenus aux achats. C'est un grand classique des marchés de matières premières : les cours élevés détruisent la demande et encouragent le développement de l'offre. La production a, donc, cru dans la plupart des pays producteurs, notamment à Madagascar, de loin le premier fournisseur du marché. Ce qui n'a pas manqué de faire lourdement retomber les cours. Avec un marché aussi déprimé, les paysans vont sans doute se lasser de cette plante soudain bien ingrate et, pourquoi pas, passer à des cultures plus alléchantes comme celle du poivre ou du girofle, dont les cours s'embrasent. Cela suffira-t-il à redresser les prix à un niveau procurant une rémunération satisfaisante pour tous les opérateurs, du producteur au consommateur ?