Le Premier ministre japonais Taro Aso a dissous, hier, la chambre basse du Parlement en préalable à des élections législatives anticipées, le 30 août, et s'est engagé à reconquérir la confiance d'un électorat qui menace de lui infliger une défaite historique. Le Parti démocrate, principale formation de l'opposition, est crédité d'une large avance dans les intentions de vote. Sa victoire le 30 août mettrait fin à près d'un demi-siècle d'hégémonie du Parti libéral démocrate (PLD) au pouvoir et à la paralysie du Parlement, dont la chambre haute est contrôlée par l'opposition.Il s'agit d'un scrutin majeur et révolutionnaire (...) Nous devons nous y présenter avec le sentiment d'accomplir une mission historique", a déclaré Yukio Hatoyama, chef de file du Parti démocrate, s'adressant aux membres de la formation. De nombreux investisseurs voient l'alternance d'un bon oeil, mais certains craignent que les projets démocrates ne creusent une dette publique déjà vertigineuse. "A court terme, l'espoir qu'une victoire démocrate mette fin à la paralysie parlementaire et permette de réformer en douceur l'emportera sur les craintes liées à l'incertitude", confirme Noritsugu Hirakawa, stratège chez Okasan Securities. "A long terme, il y a des doutes sur la façon dont les démocrates vont financer leur programme social et cela pourrait peser sur le marché", ajoute-t-il. Le Premier ministre a annoncé son intention de convoquer des législatives anticipées au lendemain de la cuisante défaite du PLD aux élections municipales de Tokyo, le 12 juillet. L'initiative a soulevé un vent de contestation dans les rangs du PLD, mais les poids-lourds de la formation sont parvenus à dissuader les détracteurs de Taro Aso de demander sa tête. Ils ont en outre accepté qu'il s'exprime mardi devant les élus du PLD pour tenter de rétablir la cohésion du parti et de faire taire les critiques. "Je suis fermement résolu à écouter sincèrement les sentiments, les doléances et les griefs de la population et à repartir sur de nouvelles bases", a déclaré le Premier ministre, s'exprimant devant les caméras de télévision après la réunion. Selon le ministre de la Santé, Yoichi Masuoe, tous les membres du gouvernement ont donné leur aval au plan de Taro Aso en vue des législatives du 30 août, alors que certains semblaient partisans d'une confrontation. Les critiques se sont également tues dans les rangs d'un PLD désormais accaparé par les préparatifs du scrutin. "A ce stade, nous n'avons pas d'autre choix que de nous rassembler avant les élections", a expliqué à la presse le sénateur Hiroshige Seko. Petit fils de Premier ministre âgé de 68 ans, Taro Aso est arrivé aux affaires en septembre. Sa cote de popularité, entamée par une série de gaffes, de revirements et de scandales est tombée sous les 20%. Le Parti démocrate est, lui aussi, confronté à une crise interne. Les noms de personnalités défuntes ont été découverts sur la liste de ses donateurs, ce qui a contraint Yukio Hatoyama, chef de file de la formation depuis mai, à présenter ses excuses.