L'opposition Parti démocrate japonais (PDJ) a remporté les élections générales tenues au Japon en août dernier. Un réel raz-de-marée a mené Yukio Hatoyama à la tête du gouvernement nippon, ouvrant la voie à une nouvelle ère politique dans un pays dominé depuis un demi-siècle par un seul parti : le Parti libéral démocrate (PLD). Le PDJ qui a obtenu la majorité absolue à la Chambre des représentants a poussé le premier responsable du PLD, Taro Aso, à démissionner, reconnaissant par là même, son entière «responsabilité de la défaite». Le message de la nécessité de «changement historique», annoncé comme un leitmotiv pendant la campagne par Hatoyama, a indéniablement convaincu les Japonais, fortement secoués par la crise économique mondiale. Incontestablement, les démocrates ont gagné sur le rejet d'un PLD usé jusqu'à la corde par plus d'un demi-siècle de pouvoir, d'incapacité à trouver des réponses à la crise qui secoue le pays depuis 1992 mais surtout sur fond de corruption et de clientélisme. Le PDJ s'est, toutefois, proclamé réformiste et populiste, appelant à mettre l'accent sur «le peuple», afin de réduire la bureaucratie importante du Japon, de geler les impôts, d'accorder des aides directes travailleurs. Les démocrates ont, malgré leur victoire écrasante, décidé de partager le pouvoir avec le Parti social démocrate (PSD) de l'extrême gauche, et le Parti populaire Nouvel (APM), dissident du PLD. Mais, si la défaite du PLD marque indéniablement la fin d'une ère, l'avenir n'est pas pour autant aussi certain pour les Japonais qui ont choisi de tourner le dos au PLD. Le gouvernement Hatoyama, déjà en perte de popularité, devra affronter la crise économique, la mauvaise volonté de la haute administration liée à l'ancien régime, la méfiance des milieux d'affaires et celle du grand allié américain, avec lequel le PDJ voudrait prendre un peu de distance. A six mois des élections sénatoriales, les Japonais restent sceptiques sur la capacité du gouvernement à mener la barque du pays à bon port. G. H.