La volatilité des marchés pétroliers ne semble avoir de limite. Le baril a atteint 147 dollars le 11 juillet 2008, avant de s'effondrer à 33 dollars en février 2009, puis de remonter à plus de 70 dollars début juillet, avant de retomber sous la barre des 60 dollars quelques jours plus tard, puis de grimper à nouveau pour atteindre aujourd'hui près de 70 dollars. Hier , les prix du pétrole ont poursuivi leur hausse dans les échanges électroniques en Asie, encouragés par les chiffres montrant une contraction plus faible que prévue de l'économie américaine dans le second trimestre, selon les analystes. Dans les échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre gagnait 17 cents à 69,62 USD tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre augmentait de 48 cents à 72,18 USD. En début d'échanges européens, le brut s'établissait au-dessus de 70 dollars, après des indicateurs rassurants en Chine et en zone euro, les chiffres de vendredi ayant en outre montré une contraction plus faible que prévu du PIB américain. A 10H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre prenait 88 cents par rapport à la clôture de vendredi, à 72,58 dollars, sur l'InterContinental Exchange (ICE). Il a touché lundi un plus haut depuis le 30 juin à 72,89 dollars. A la même heure, le brut léger texan (WTI) pour la même échéance gagnait 1,04 dollar à 70,49 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Le WTI a également touché un plus haut depuis un mois (1er juillet) à 70,95 dollars. Le brut a profité d'indicateurs rassurants ayant provoqué un nouveau recul des valeurs refuge comme la monnaie américaine, ce qui renforçait d'autant l'attrait du baril, libellé en dollars. La production manufacturière en Chine a connu en juillet sa plus forte hausse depuis un an, soutenue par la demande intérieure, nouveau signe d'une reprise, selon l'indice des directeurs d'achats (PMI) publié lundi par CLSA (Credit Lyonnais Securities Asia). En outre, l'indice des directeurs d'achats (PMI) du secteur manufacturier dans la zone euro s'est redressé encore plus que prévu en juillet, à son plus haut niveau depuis onze mois, ressortant à 46,3 points, contre 46 points dans une première estimation. "Après avoir déjà réalisé une bonne performance jeudi, les prix se sont encore renforcés vendredi (...) une hausse soutenue par les chiffres du PIB américain" résumaient les analystes de JBC Energy. Vendredi, les prix avaient été stimulés par les chiffres du ministère américain du Commerce montrant que le PIB des Etats-Unis avait reculé de 1,0% en rythme annuel au deuxième trimestre par rapport au trimestre précédent, alors que les économistes tablaient sur une contraction plus prononcée de 1,5%. Ces chiffres laissent espérer une possible reprise de l'économie des Etats-Unis, plus gros consommateur de brut au monde, et donc une éventuelle hausse de la demande en pétrole. Le conseiller économique de la Maison Blanche Lawrence Summers a jugé dimanche "très très probable" une reprise de la croissance aux Etats-Unis dans la deuxième moitié de l'année. Mais au-delà des chiffres lancés de façon conjoncturelles, il est temps de s'appesantir sur la direction que devraient prendre les marchés pétroliers pour le reste de l'année. Les hommes politiques s'inquiètent de cette volatilité, mais leurs propos restent souvent incantatoires et leurs remèdes peu crédibles. Un leitmotiv revient : le renforcement du dialogue producteurs-consommateurs. Ce dialogue permettrait de "se mettre d'accord sur une orientation de prix générale à donner au marché", a récemment plaidé Nicolas Sarkozy à Abou Dhabi. Le président français défend l'idée d'une "fourchette de prix" capable d'assurer la rentabilité des investissements sans accabler les pays consommateurs. Il l'a reprise début juillet lors du sommet franco-britannique d'Evian, puis au G8 de L'Aquila (Italie). L'idée d'une fourchette de prix laisse sceptiques les milieux pétroliers. Patron de Total, Christophe de Margerie a diplomatiquement répondu à M. Sarkozy que "c'est le rôle d'un président d'être volontariste", mais qu'il ne voyait pas la faisabilité d'un tel mécanisme. Lancée par le P-DG du groupe italien Eni, Paolo Scaroni, l'idée d'une agence internationale du pétrole a aussi fait long feu. Elle aurait géré un fonds de stabilisation censé corriger les mouvements erratiques du brut. Pour sa part, l'Agence internationale de l'énergie met en garde contre une "régulation excessive". Un consensus se dessine sur un juste prix entre 70 et 80 dollars - proche des 75 dollars défendus par l'OPEP. Samira G.