La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a exhorté l'Afrique du Sud à user de son influence auprès du gouvernement de Harare pour qu'il accélère les réformes promises au Zimbabwe. Elle a aussi profité de cette deuxième étape de sa tournée de 11 jours en Afrique sub-saharienne pour tenter de resserrer les liens entre Washington et Pretoria. "L'Afrique du Sud est bien au fait des défis que pose la crise politique au Zimbabwe car l'Afrique du Sud accueille trois millions de réfugiés du Zimbabwe", a rappelé Hillary Clinton lors d'une conférence de presse, après une rencontre avec son homologue sud-africaine. "Chacun de ces réfugiés rappelle l'échec du gouvernement zimbabwéen à mener à bien sa mission de protection du peuple, c'est aussi un fardeau pour l'Afrique du Sud", a-t-elle ajouté. La ministre sud-africaine des Relations internationales et de la Coopération, Maite Nkoana-Mashabane, a promis que Pretoria tenterait de convaincre Harare d'accélérer les réformes. Le nouveau président sud-africain Jacob Zuma, qui doit rencontrer Hillary Clinton samedi à Durban, est plus incisif que son prédécesseur Thabo Mbeki sur le dossier zimbabwéen. Mais Washington et les donateurs occidentaux exigent davantage de résultats. Les Etats-Unis n'entendent pas aider massivement le Zimbabwe ni lever les sanctions contre le président Robert Mugabe et ses proches tant que celui-ci n'aura pas mené à bien certaines réformes politiques, économiques et sociales que Washington juge indispensables. Mugabe, au pouvoir depuis 1980, a accepté de partager le pouvoir avec l'opposition emmenée par Morgan Tsvangirai, actuel Premier ministre. Le chef de l'Etat, réélu l'an dernier à l'issue d'un scrutin très controversé, est tenu responsable de la faillite économique du pays, qu'il impute de son côté aux sanctions internationales. "En ce moment, nous tentons, comme vous le savez, d'atteindre la tête du Zimbabwe par des sanctions que nous pensons à même d'influer sur son attitude, mais sans affecter la population zimbabwéenne", a dit la secrétaire d'Etat. Elle a estimé que l'Afrique du Sud devait davantage commercer avec les Etats-Unis et l'ensemble du continent africain. "L'Afrique du Sud ne pourra pas réaliser son potentiel économique si elle demeure une île de relative prospérité au milieu d'un océan d'opportunités inexploitées", a-t-elle dit. Hillary Clinton veut aussi profiter des changements à la tête de l'Afrique du Sud et des Etats-Unis pour donner un tour nouveau aux relations bilatérales. Son homologue a confirmé que les relations n'avaient guère prospéré du temps de l'administration Bush et a dit vouloir travailler plus avec l'équipe d'Obama. "Sous Thabo Mbeki, les relations Etats-Unis - Afrique du Sud n'étaient pas aussi chaudes et amicales que beaucoup de gens le pensaient", a expliqué sous le sceau de l'anonymat un haut responsable américain. Walter Kansteiner, diplomate qui était chargé de l'Afrique dans l'administration Bush, a estimé qu'Hillary Clinton devrait être ferme avec Jacob Zuma. "Je pense que nous avons trop lâché la bride à Pretoria sur le Zimbabwe", a-t-il admis. A la veille de sa rencontre avec Jacob Zuma, Hillary Clinton a rencontré Nelson Mandela à Johannesburg, où elle a pu découvrir les archives personnelles de l'ancien président sud-africain.