La chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton entame demain une tournée dans sept pays africains, avec le souci de démontrer au continent noir l'implication des Etats-Unis, accaparés jusque-là par d'autres régions du globe. Au cours de ce périple de onze jours, le plus long depuis sa prise de fonctions, Mme Clinton, qui défend ardemment les droits des femmes, prévoit notamment de rencontrer des victimes de viols. La secrétaire d'Etat veut tisser de nouveaux liens avec trois puissances africaines, le Kenya, le Nigeria et l'Afrique du Sud, et visitera aussi trois pays, l'Angola, la République démocratique du Congo et le Libéria, frappés par des violences. Elle terminera son voyage par le Cap Vert, petit Etat allié de Washington. Elle prévoit également de rappeler à l'ordre l'Erythrée, accusée de financer les militants islamistes chez son voisin somalien, et de pousser à une plus grande démocratie au Zimbabwe. «L'administration est engagée envers l'Afrique. L'administration est capable de s'occuper de plusieurs sujets de politique étrangère en même temps», a souligné Johnnie Carson, secrétaire d'Etat adjoint pour l'Afrique. Il a rejeté l'idée selon laquelle les Etats-Unis s'inquièteraient de l'influence grandissante de la Chine en Afrique mais a mis l'accent sur la démocratie et les droits de l'homme. Mme Clinton commencera sa tournée par le Kenya, pays natal du père du président américain Barack Obama. M.Obama avait choisi le Ghana pour sa première visite présidentielle sur le continent le mois dernier. Il y avait exhorté les Africains à prendre leur avenir en main en réclamant une meilleure gouvernance et en luttant contre la corruption. Le voyage de Barack Obama au Ghana «était plus symbolique que substantiel. Il est resté moins de 24 heures et a fait un discours que certains ont considéré comme un peu paternaliste», a estimé Jendayi Frazer, ancienne secrétaire d'Etat adjoint pour l'Afrique sous George W.Bush. Il y a eu «un grand vide» dans la politique africaine des Etats-Unis depuis l'arrivée de M. Obama à la Maison- Blanche, a ajouté Mme Frazer, aujourd'hui professeur à la Carnegie Mellon University. Elle salue la longue tournée de Mme Clinton en Afrique mais «la question est de savoir (...) quelle en sera la substance», relève-t-elle. A Nairobi, la secrétaire d'Etat participera à un forum sur la coopération économique et rappellera l'importance accordée par les Etats-Unis au fonds de 20 milliards de dollars adopté par le G8, en juillet en Italie, pour dynamiser l'agriculture et lutter contre la faim. Ce sera la première fois que Mme Clinton se rendra dans ces pays africains, à l'exception de l'Afrique du Sud. L'ancien président Bill Clinton, champion du développement en Afrique, ne l'accompagnera pas dans ce voyage. La chef de la diplomatie américaine ne se limitera pas aux palais présidentiels et réunions officielles, mais consacrera une grande partie de son temps, ce qui est devenu sa marque, à des rencontres avec des étudiants, des personnels médicaux ou des femmes entrepreneurs. En République démocratique du Congo, Mme Clinton se rendra à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu (est), où se trouve une foule de réfugiés depuis le génocide de 1994 au Rwanda voisin. Elle y rencontrera des victimes de violences sexuelles, dont le nombre a monté en flèche depuis l'offensive gouvernementale en janvier. Selon l'ONU, près de 3500 femmes ont été violées, par les groupes armés des deux bords, depuis le début de l'année.