La facture alimentaire de l'Algérie sera salée. Après l'envolée des cours sur les marchés mondiaux, il ne pourra pas en être autrement. L'Algérie devrait importer 200.000 tonnes de blé tendre des Etats-Unis, une quantité qui viendra s'ajouter aux 320.000 tonnes déjà commandées. Pendant ce temps, malgré les assurances données par l'Etat quant au soutien du prix de la farine de blé tendre, les boulangers algériens menacent de fermer boutique sinon de déclencher une grève pour revendiquer un juste prix du pain fabriqué. Ce qu'il faut savoir surtout, c'est que l'Algérie n'est pas auto-suffisante puisqu'elle produit moins de la moitié de ses besoins en blé, faisant d'elle l'un des plus gros importateurs de ce produit de première nécessité. Si l'on prend en considération la flambée des prix de la pomme de terre, celui du lait, du sucre et autres sur le marché mondial, il ne fait aucun doute que l'ardoise alimentaire de l'Algérie frôlera, sinon dépassera les 5 milliards de dollars, remettant en cause la sécurité alimentaire et la stabilité du marché local en Algérie. Puisque nous parlons du marché étasunien, on lira cette dépêche de l'Afp: à la suite de ces prix records, le blé tendre et le soja vont grignoter des champs au maïs. Cela veut dire que les agriculteurs américains sont tentés, dès la prochaine saison, d'accroître les surfaces consacrées à ces deux cultures, au détriment du maïs et du coton. A titre d'exemple, rien que sur le marché à terme de Chicago, les cours ont atteint cette semaine de nouveaux records historiques, le boisseau de blé pour livraison en décembre dépassant les 9 dollars et le contrat de soja pour livraison en novembre 10 dollars. En fait, depuis janvier les prix du blé ont carrément doublé à la suite des mauvaises récoltes de plusieurs pays producteurs (notamment le Canada et l'Australie) pour cause de mauvaises conditions météorologiques. La récolte du soja et du maïs est encore en cours, mais les agriculteurs planifient déjà les plans de culture de la saison prochaine. Sur la saison 2007, le maïs, première culture des Etats-Unis, s'était imposé de façon exceptionnelle, porté par la demande d'ethanol-carburant. Les surfaces cultivées ont dépassé les 36 millions d'hectares. Quant au département américain de l'Agriculture (Usda), il dévoilera les chiffres officiels d'intention de semis en janvier pour le blé d'hiver et en mars pour les autres cultures. Cependant, les analystes anticipent déjà une progression des surfaces emblavées, sans que celles-ci ne connaissent l'essor du maïs de cette année. L'analyse révèle en effet qu'à des prix ajustés de l'inflation, le blé est encore loin de ses sommets de 1974. «Dans certaines zones des Etats Unis, il est possible de planter du blé d'hiver à l'automne, de le récolter en juin, puis de planter du soja, récolté à l'automne suivant», explique un analyste. Cela dit, le bonheur des fermiers américains ne fait pas le bonheur des boulangers algériens, ni celui des ménages.