Les cours du pétrole en dessous de 10 dollars le baril ? C'est une idée défendue par l'un des gourous de l'analyse technique, Robert Prechter, dont les propos ont été rapportés par Bloomberg. Selon lui, le baril devrait retomber entre 4 et 10 dollars dans la prochaine décennie. Pour réaliser cette estimation, Prechter se fonde sur la théorie des vagues d'Elliott, qu'il a appliquée sur un cycle entamé au début des années 1990. Selon lui, le sommet de 2008, quand les cours de l'or noir avaient dépassé 147 dollars, constitue le haut de ce cycle, et ne devrait donc pas être dépassé avant la fin des années 2030. Depuis un siècle, les pics au niveau des prix des matières premières sont en effet observés tous les trente ans environ (1920, 1951, 1980, 2008). Notons que les prix du pétrole grimpaient hier à l'ouverture des échanges à New York, dopés par le retour surprise à la croissance de l'Allemagne et de la France, de nature à soutenir la demande d'or noir. Vers 13H05 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre s'échangeait à 71,56 dollars, en progression de 1,40 dollar par rapport à son cours de clôture de mercredi. Selon Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, les opérateurs réagissaient aux chiffres de la croissance en Europe, qui ont révélé un repli du produit intérieur brut de "seulement" 0,1% au deuxième trimestre. "Plus surprenant, les chiffres montrent une expansion de l'activité en Allemagne et en France", a-t-il souligné. Pour le marché, cela signifie que "l'activité se stabilise plus rapidement qu'anticipé et que nous allons sortir plus vite de la récession, ce qui va se traduire par une progression de la demande" de pétrole. La consommation mondiale d'or noir devrait connaître en 2009 sa deuxième année de contraction d'affilée, un phénomène inédit depuis 25 ans. Mais aussi bien l'Agence internationale de l'énergie, qui représente les intérêts des pays industrialisés, que le département américain de l'Energie, ont répété cette semaine qu'ils tablaient sur un rebond l'année prochaine, à la faveur d'une reprise économique. Cette idée avait également été renforcée mercredi par les commentaires de la banque centrale américaine, qui a évoqué à l'issue de sa réunion de politique monétaire une stabilisation de l'activité de la première économie mondiale. "Le marché interprète cela comme signifiant que le pire est derrière nous", a indiqué Andy Lipow. "Mais sur un an, la demande reste en baisse aux Etats-Unis et en Europe, et les stocks de produits pétroliers augmentent. Les statistiques économiques ne se reflètent pas encore dans la demande". Mercredi, les cours du baril repassaient la barre des 70 dollars en fin d'échanges européens, portés par une baisse du dollar et un mince espoir de reprise de la consommation, le marché choisissant d'ignorer une nouvelle hausse des stocks américains de brut aux Etats-Unis. "Les facteurs externes, comme la Bourse et le dollar, ont recommencé à jouer. Ils ont complètement pris le dessus sur la réalité fondamentale du marché", explique Veronica Trueman, analyste chez Energy Information Centre. Le marché ne semble pas s'attacher à la réalité physique du marché.