Les contrats à terme sur le pétrole brut du New York Mercantile Exchange se sont stabilisés vers 80 dollars le baril hier, après avoir atteint leur plus haut niveau en six semaines. Au cours des dernières séances, les cours pétroliers ont bénéficié de la dépréciation du dollar, de la réduction de la production du gisement de Buzzard en mer du Nord, des grèves dans les raffineries en France et des inquiétudes relatives aux projets nucléaires de l'Iran, explique le courtier londonien PVM Oil Associates. "Si l'on ajoute à cela de bonnes perspectives techniques, la semaine pourrait commencer sur une note très solide", observe-t-il. A 13h23, le contrat d'avril sur le Brent coté à l'ICE de Londres prenait 0,30 dollar, à 78,49 dollars le baril, tandis que le contrat de mars sur le brut coté au Nymex se repliait de 0,19 dollar, à 80 dollars le baril, après avoir atteint 80,51 dollars le baril plus tôt en séance, soit son niveau le plus élevé depuis le 14 janvier. Les cours du brut ont abandonné les gains réalisés en début de séance, car les intervenants marquent une pause afin d'évaluer le rythme de la reprise économique et ses effets sur les fondamentaux du marché pétrolier. Goldman Sachs estime que les cours de l'or noir pourraient évoluer dans une nouvelle fourchette de 85 à 95 dollars le baril en 2010, grâce à l'amélioration des fondamentaux à court terme. La banque cite notamment le redressement de l'activité économique aux Etats-Unis et au Japon, associée à des perturbations au niveau de l'offre. D'autres analystes se montrent toutefois plus pessimistes au vu du potentiel d'appréciation du dollar. Par ailleurs, le brut a profité, selon des courtiers, de tensions politiques liées au nucléaire qui oppose l'Iran et les pays occidentaux. Selon des analystes sur le marché de Londres, "la question du nucléaire iranien est un puissant facteur de dopage des prix du brut". "Pour autant, les prix restent bien orientés, mais pourraient devenir volatils", précisent les mêmes analystes. Au sein de l'Opep on table toujours sur une faible progression de la demande pour 2010, ce qui a incité les pays membres à une certaine prudence. Le rapport 2010 de l'OPEP souligne en effet "une faible progression de la demande, mettant toutefois en garde contre la volatilité des prix dans un marché fragile". La reprise de la demande devrait être de 0,98% en 2010, selon l'organisation qui explique qu'avec "un hiver froid, la reprise économique et une faible demande l'année précédente ont fait que la croissance de la demande de pétrole a été à nouveau positive vers la fin de l'année et en 2010 la demande devrait croître de 0,8 million de barils par jour". La demande mondiale devrait ainsi atteindre en 2010 quelque 85,15 millions de barils par jour (mbj), selon les nouvelles estimations qui sont quasi inchangées par rapport à celles de décembre avec 85,13 mbj. Cependant, l'organisation table sur une reprise de la demande en 2010, dans le sillage de la reprise des activités économiques dans les pays OCDE, avec également un rebond de la demande dans les pays émergents pouvant atteindre 1,0 mbj. En 2009, la demande mondiale de pétrole a reculé de 1,4 mbj tandis que celle des pays non-OCDE a progressé de 0,5 mbj. Par ailleurs, le prix du panier Opep, qui regroupe les 12 pétroles bruts de référence de l'Opep, a gagné la semaine dernière plus de 3 dollars le baril, selon l'Organisation. Le prix hebdomadaire du panier Opep a gagné 3,04 dollars pour s'établir à 72,71 dollars le baril lundi dernier contre 68,86 dollars une semaine auparavant, selon la même source. C'est dans ce climat plutôt favorable à une reprise durable des cours du brut que devrait se tenir le mois prochain à Vienne la réunion des ministres de l'OPEP. Selon le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, on s'attend à un maintien de la production de l'Opep lores de la réunion du mars à Vienne. "Je pense que la réunion de l'OPEP décidera du maintien du seuil de sa production (..) Je ne pense pas que nous diminuions la production", a indiqué hier M. Khelil dans une déclaration citée par l'agence APS.Le ministre prévoit "une augmentation de la demande mondiale sur le pétrole durant le deuxième semestre 2010 en raison de l'amélioration de l'économie mondiale et de la stabilité de la demande en Chine, en Inde et dans les pays du Moyen-Orient". Pour sa part, le secrétaire général de l'Opep Abdallah el-Badri avait indiqué au début du mois que les ministres de l'Opep seront "réticents" à changer les quotas de production en mars si l'économie et la demande restent telles qu'elles sont. "La situation du marché va être très difficile pendant le premier et le deuxième trimestres", a déclaré M. el-Badri en marge d'une conférence à Londres, indiquant qu'il ne voyait pas "une vraie reprise de la demande avant les troisième et quatrième trimestres". Le secrétaire général de l'Opep a de plus indiqué que les stocks de pétrole sont "très élevés" et qu'ils devraient "augmenter au premier et au deuxième trimestres". A ce propos, les stocks commerciaux de pétrole des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s'élèvent à 70 millions de barils, auxquels s'ajoutent 140 millions de barils stockés sur des bateaux en mer, a indiqué M. el-Badri.