La hausse des prix du pétrole se poursuivra en 2008 avec des cours dépassant les 77 dollars le baril en moyenne. C'est là les conclusions d'une enquête Reuters qui souligne que l'encadrement strict de la production et les tensions au Moyen-Orient l'emporteraient sur le ralentissement de la croissance économique aux Etats-Unis. Cette enquête mensuelle effectuée auprès de 36 analystes donne un consensus de 77,62 dollars pour le baril de brut américain en 2008, un record qui montre une hausse de 3,19 dollars par rapport à l'enquête du mois dernier. Le prix moyen du baril est de 71,76 dollars pour l'instant cette année. Un dollar aux oubliettes, un hiver rigoureux et toute une série de perturbations de l'offre ont permis aux cours de se maintenir au-dessus des 90 dollars durant la plus grande partie du quatrième trimestre. Pour le Brent londonien, les analystes prédisent un cours moyen de 76,49 dollars le baril, soit un gain de 3,61 dollars par rapport à l'enquête du mois précédent. Sur le long terme, les analystes restent haussiers et voient le brut US dépasser les 70 dollars jusqu'en 2010. La prévision médiane pour le brut US donne 70,60 dollars le baril en 2010, soit 2,34 dollars de mieux que l'enquête de novembre. Ces résultats vont dans le même sens que ceux publiés, il y a quelques jours, par le Centre for Global Energy Studies (CGES) et qui indiquent que les prix du pétrole devraient rester élevés cet hiver et tout au long de l'année 2008, en dépit des craintes sur l'état de l'économie américaine. Pour le CGES, les fortes divergences de vues à propos de la demande pétrolière l'an prochain s'ajoutent aux incertitudes. Ainsi, les économistes du cabinet jugent "vraiment étonnante" la prévision de demande pour 2008 publiée par l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Celle-ci table sur une demande de 87,8 mbj, en hausse de 2,1 mbj par rapport à 2007. Selon le CGES, non seulement cette prévision ne tient pas compte des inquiétudes sur l'état de l'économie mondiale, mais elle "s'écarte des prévisions faites par d'autres organismes, tels que le département américain de l'Energie (+1,4 mbj) et l'Opep (+1,3 mbj) et elle est très loin de notre propre estimation, de +0,63 mbj". Même son de cloche chez Goldman Sachs, la banque d'investissement la plus active sur les marchés de l'énergie. Les experts de la banque anticipent un prix moyen du baril de brut US à plus de 95 dollars en 2008. Ils pensent que le cours pourrait atteindre 105 dollars d'ici la fin 2008. L'or noir est structurellement poussé à la hausse par l'inflation des coûts de production, les incertitudes technologiques et politiques, selon Goldman Sachs. Ces prévisions à la hausse des prix pour 2008 remettent au goût du jour l'attitude de l'Opep quant à sa politique de production. "A en juger par le fait que l'Opep n'a pas été disposée à permettre une hausse de la production alors que le brut avait atteint 99 dollars le baril, il semble bien qu'il faudra s'accommoder de prix du pétrole élevés", dit Merrill Lynch dans un rapport d'étude. L'Opep, source de plus du tiers du pétrole produit dans le monde, surveille sa production de près car elle craint, notamment, que la demande mondiale diminue si l'économie américaine ralentit pour de bon. En dépit des appels des pays consommateurs à fournir plus de brut et malgré des prix dépassant les 90 dollars le baril, l'organisation pétrolière a décidé, lors de sa dernière réunion début décembre à Abou Dhabi, de maintenir inchangée son offre de brut. Alors que bien des analystes s'attendaient à une plus forte ouverture du robinet pétrolier, l'Opep semblait intégrer l'essoufflement marqué de la demande. En effet, l'Opep attend une augmentation de la demande de seulement 1 million de barils l'an prochain.