Les prix du gaz ont chuté à leur plus bas niveau en sept ans cette semaine aux Etats-Unis en raison d'une offre surabondante sur le continent américain, un fort contraste avec le pétrole dont les prix flambent à nouveau. Ainsi, sur le marché du New York mercantile exchange (Nymex), le gaz naturel affichait mercredi une baisse de 5,5 %, pour s'établir à 2,95$ pour 1.000 pieds cubes de gaz naturel. Un plancher inédit depuis 7 ans, soit août 2002. Mais le coup fatal a été porté par le rapport hebdomadaire sur l'état des stocks de gaz naturel aux Etats-Unis, publié jeudi par le département à l'Energie: le prix du contrat de référence est alors tombé sous les 3 dollars face à une nouvelle hausse des réserves.A 2,945 dollars par MBTU (million d'unités thermales britanniques ; 1 MBTU égale 27,6 mètres cubes), les prix ont enfoncé un plancher symbolique qui tenait depuis 2002. Ils sont bien loin des records de juillet 2008, lorsqu'ils avaient atteint 13,57 dollars par MBTU.Il faut savoir que le marché du gaz est sensible à des facteurs différents de ceux du pétrole, notamment des facteurs régionaux. Les prix du gaz à New York reflètent eux la situation du marché nord-américain, or aux Etats-Unis "les stocks de gaz naturel sont à des niveaux records, si bien que la tendance à la baisse a envahi les marchés du gaz", expliquent les analystes d'UBS dans une note. Par contraste, les prix du gaz sont plus élevés en Europe, influencés en grande partie par les aléas d'approvisionnement du marché par la Russie, qui fournit un quart de la consommation de la région. "La demande est tellement faible et l'offre si abondante que les installations de stockage sont bondées", ajoute John Kilduff de MF Global. "Les producteurs américains ont diminué le nombre d'installations de forage pour les nouvelles sources de gaz de plus de moitié depuis septembre 2008, mais la production des installations existantes continue d'augmenter", poursuit Paul Dales, de Capital Economics. La consommation, elle, a fortement baissé, "en particulier chez les clients industriels", conséquence de la récession, ajoute l'analyste. S'ajoute à cela un été plutôt doux, qui réduit les besoins en gaz pour la production d'électricité nécessaire aux climatiseurs. Autre élément clé, qui s'inscrit dans le long terme, la découverte de nouvelles techniques dites "non conventionnelles" pour extraire le gaz naturel des sous-sols américains: le gaz extrait du schiste devrait peser sur les prix un long moment. Notons que l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le FMI et le département américain de l'Energie, avaient récemment prédit une chute d'environ 2 % la consommation mondiale de gaz en 2009, après avoir crû de 2,5 % l'année précédente. L'effondrement de la production de secteurs très gourmands en énergie comme l'automobile, la chimie ou la sidérurgie a entraîné une chute brutale de la demande de gaz à usage industriel aux Etats-Unis, au Japon et en Europe (- 8 %), qui ne sera pas compensée par les pays émergents. De son côté, l'association Cedigaz prévoit, elle, un recul de la consommation mondiale de gaz de 3,5 % à 4 % en 2009. Dans une récente étude, Booz & Company va encore plus loin. A l'issue de discussions avec des producteurs de gaz, la société de conseil annonce une baisse de la demande mondiale de 8 % en 2009. La consommation dans le secteur de l'industrie devrait selon elle chuter de 13 % cette année dans le monde et pourrait même reculer de 17 % dans les pays de l'OCDE. Dans ce contexte, Booz & Company prévoit une nouvelle baisse de la demande mondiale en 2010, quoique moins importante. Notons que la situation actuelle des prix du gaz devrait nous interpeller en Algérie. il faut savoir que l'Algérie a été classée quatrième exportateur mondial de gaz naturel en 2008, devancée par la Russie, le Canada et la Norvège. Selon Cedigaz les exportations algériennes ont atteint un volume de 58,8 milliards de m3 à la fin 2008, soit une hausse de 0,7%. Grâce à sa proximité de l'Europe, ses grandes réserves de gaz et la rénovation de sa flotte avec la réception de nouveaux méthaniers, l'Algérie devra réconforter davantage sa place de premier fournisseur de l'Union européenne en GNL dans les années à venir. En effet, l'Algérie ambitionne d'augmenter ses exportations de gaz de 30 milliards de mètres cubes (m3) au cours des cinq prochaines années, pouvant générer des recettes d'environ cinq milliards de dollars chaque année. Selon le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil ''l'Algérie exporte actuellement 62 milliards de m3, mais dans les cinq prochaines années la quantité atteindra les 85 milliards de m3 grâce au gazoduc medgaz qui reliera l'Algérie à l'Espagne, au gazoduc Galsi qui reliera l'Algérie à l'Italie et l'augmentation de la quantité de gaz exportée actuellement à travers le gazoduc Transmed qui relie l'Algérie à l'Italie pour la porter à sept milliards de m3''. M. Khelil a indiqué que ces trois gazoducs permettront d'augmenter les exportations du gaz de 23 milliards de m3, auxquelles s'ajouteront la mise en service des unités de gaz liquéfié de Skikda et Arzew qui sont en cours de réalisation pour augmenter les quantités de 30 milliards de m3 au moins au cours des cinq prochaines années. Chose qui contribuera à une hausse d'environ 5 milliards de dollars de recettes en hydrocarbures. Isma B.