L'année 2010 sera-t-elle celle de la reprise de la demande pétrolière au niveau mondial ? La question reste pendante, parce que la situation est contrastée, la consommation de pétrole différant d'une zone géographique à une autre. Explications : l'Organisation des pays exportateurs de pétrole table sur une hausse de la demande de +0,96%. La demande dans les pays de l'OCDE a baissé de 4,4% en 2009 et devrait demeurer invariable en 2010. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) avance des prévisions haussières de la consommation de pétrole, en 2001 : 86,5 millions de barils par jour, soit +1,8% par rapport à 2009, année caractérisée par la crise financière internationale et par des conséquences assez marquées sur la demande pétrolière. Le département américain de l'Energie (DOE) table, lui, sur une progression de 1,5%. Au Japon, la demande continue de diminuer. Dans la zone Asie-Pacifique, elle devrait en revanche augmenter de 2,2%, selon l'AIE, tirée par des économies émergentes, celles de la Chine et de l'Inde. L'OPEP prévoit d'ailleurs une hausse de 4,5% en 2010 pour la Chine. Les experts notent qu'à l'horizon d'un ou deux ans, la croissance économique restera le moteur principal de la demande d'or noir. C'est un élément essentiel que les compagnies pétrolières internationales prennent en compte dans leurs projections d'investissement ; les industriels du pétrole planifient quatre ou cinq ans à l'avance leurs investissements, dans de nouvelles raffineries par exemple. L'OPEP a souvent averti que des prix bas du pétrole ne permettent pas d'investissement dans l'industrie pétrolière. Et, conséquemment, il n'est pas exclu que le pétrole se fasse rare dans les années à venir et que les cours flambent. L'organisation pétrolière estime à ce sujet qu'un baril à soixante-quinze dollars est «bon» dans le contexte actuel. Depuis quelques mois, les prix de l'or noir se sont repris, malgré le fait qu'un mouvement de yo-yo s'est emparé des marchés. Vendredi dernier par exemple, les cours du pétrole se sont situés non loin du seuil des quatre-vingts dollars, un niveau raisonnable soutenu par le dollar et par un certain optimisme général sur l'économie mondiale. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en mars a terminé ainsi à 79,81 dollars, en hausse de 75 cents par rapport à jeudi 18 février. La tendance haussière caractérisant les marchés a été abondamment commentée et analysée par les spécialistes. Mike Fitzpatrick, de MF Global, cité par des agences de presse, estime qu'à l'avenir le dollar et le pétrole pourraient évoluer de plus en plus «dans le même sens», plutôt que d'avoir une «relation inverse» comme c'est le cas actuellement, car, dit-il, les marchés semblent «balayés» par une vague d'optimisme général. Le baril a progressé au cours de chaque séance de la semaine, marquée par une série d'indicateurs économiques pointant vers une «amélioration» des conditions économiques, de manière générale. Il se rapprochait donc des 80 dollars, le haut de la fourchette dans laquelle il évolue depuis plusieurs mois. La décision, jeudi dernier de la Fed de relever son taux d'escompte était un peu difficile à digérer à Wall Street (en petite hausse au moment de la clôture du Nymex), mais elle était le reflet d'une volonté de mettre fin aux mesures prises en urgence pendant la crise économique. L'augmentation moins forte que prévue des prix à la consommation aux Etats-Unis, publiée vendredi dernier, devrait par ailleurs donner «plus de latitude» à la Réserve fédérale pour gérer sa politique monétaire, a par ailleurs souligné Phil Flynn, de PFG Best Research, repris par les médias. La mesure en question serait de nature à «apaiser» les inquiétudes sur un relèvement rapide du taux directeur. Le durcissement des grèves dans les raffineries Total en France et les tensions sur le programme nucléaire iranien dopent également les cours du brut. Y. S.