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Chaou r'bi-Tafsut
La fête du printemps à Bordj Bou Arréridj
Publié dans Le Maghreb le 03 - 03 - 2007


Du détour des actualités dominantes surgissent parfois des réalités cachées, enfouies dans la mémoire. Ce sont les places fortes du temps. Dans la capitale des Bibans, le pays de Hadj Mohamed Mokrani est l'une des régions où l'écho de la tradition résonne encore, comme un appel à l'histoire ; l'histoire et la tradition montent alors sur les chemins de la ronde et nous interrogent. Les familles bordjiennes fêtent depuis des siècles l'arrivée du printemps. Chaque année, le premier vendredi du mois de mars, est choisi pour accueillir chaour'bi. Fête d'origine agraire, exclusivement populaire et ancestrale, propre à la région des Bibans. L'accueil du printemps constitue, pour les familles un moment fort pour quitter les villes et les villages en direction de la campagne. Les autorités locales ont, vendredi, supervisé cette fête populaire en optant pour des cérémonies dans la forêt de Boumergued. Un enchevêtrement humain, tel une fourmilière, a pris d'assaut les lieux dès les premières heures de la matinée. Romaine, amazighe, numide ou arabe, la tradition locale unique dans le monde, n'a jamais, jusque-là, livré son secret à personne, chose certaine les familles de toute la capitale des Bibans, sont toujours fidèles au rendez-vous pour bénir de longévité et d'immortalité l'accueil de la saison verte, le printemps. Une cérémonie exceptionnelle annuelle qui fait partie du patrimoine bordjien. Les autorités locales ont donné, à cette journée, un cachet tout à fait particulier, afin que la nouvelle génération puisse comprendre et voir les composantes de la région, telle qu'elles sont et qui sont destinées à l'invocation traditionnelle des Bibans. Après tout, le mythe est éternel au sens le plus large du terme. Des familles entières ont meublé la campagne pour partager cet espace. Un moment de joie marqué par le respect d'autrui ou la mixité est des plus remarquées. En dehors du chef lieu de wilaya, les familles ont pris d'autres destinations à. l'intérieur des communes dans une manifestation populaire dictée par l'instinct de cette richissime culture du terroir inspirée par la nostalgie rurale. Ce mouvement de masse vers la campagne, est marqué par une autre tradition caractérisée par la préparation au sein de chaque famille d'un gâteau. Il s'agit de l'ambardja, symbole même du printemps dans toute la région. L'ambardja, une préparation de semoule et de datte écrasée (el ghars), est la pure tradition qui prend son sens le plus large à travers les différentes conceptions qui vont de la couche la plus mince et la plus lisse et la plus légère aux multicouches granulées de semoule sèche extrêmement appétissantes. Un losange qui semble, à son tour, avoir plus d'un message à donner dans sa symbolique polysémique- signe de fertilité, caractère graphique d'une écriture ancienne, â la manière du tapis algérien ou simple coup de hasard qui fait de l'imprévisible l'une des plus belles leçons de la mémoire collective. En tout cas, l'ambardja est, aisément, digestible par les Bordjiens et les Bordjiennes quel que soit leur âge, puisque la tradition culinaire locale prévoit le fruit de la Mitidja : les oranges ne sont telles pas aussi un autre mythe algérien autour duquel se tissent, également, des histoires de force ? Etrange habitude dite, simplement héritée, alors que largement expressive dans sa dimension socioculturelle et affective, indique un universitaire de la région. Toutes ses richesses ont été étalées vendredi, et mariées aux couleurs de la nature, le vert naturel, rendant les Bibans, en une journée, comme une véritable mosaïque de traditions rurales et urbaines, où l'on trouve pratiquement toutes la variété des modes de vie du pays, exprime encore cet universitaire. Ainsi, l'olive est fêtée, le jour du début du printemps dans les zones montagneuses de la région nord de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, où l'on trouve tous les plats kabyles appréciés pour leur goût fort prononcé à l'huile d'olive, notamment, la galette de blé ou d'orge servie avec l'huile d'olive et, bien sûr, le couscous kabyle préparé à base de viande de bœuf et arrosé d'huile d'olive.

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