l'unique patrimoine historique de la ville tombe en ruines alors qu'il peut constituer un haut site touristique. L'unique patrimoine historique de la ville de Bordj Bou-Arréridj, vestige de plusieurs civilisations, bien avant l'époque romaine, le château El Mokrani ou Bordj El Mokrani, tombe en ruines alors qu'il peut constituer un haut site touristique et un symbole significatif de la résistance algérienne à travers les époques, si l'on se réfère à l'histoire de ce monument, autrefois fierté des Bordjiens et aujourd'hui abandonné à l'érosion du temps, faute d'une prise en charge adéquate, en relation avec le rôle joué par ce fortin lors des occupations successives par plusieurs envahisseurs de la région des Bibans. Cédé par l'armée algérienne en 1967/68 à l'APC de Bordj Bou-Arréridj - étant une caserne pendant plus d'un siècle -, le fort est mis à la disposition de l'Agence nationale d'archéologie par l'APC en 1993, pour en faire un musée à la mémoire de la résistance héroïque et au combat de l'un des précurseurs de la lutte armée contre l'occupant français, El Hadj El Mokrani et en même temps devenir une bibliothèque de toute la région des Bibans. Une noble initiative qui n'a pas été suivie à bout, puisqu'un autre musée a été construit près du Fort d'El Mokrani alors que ce dernier offre toutes les conditions avec de très belles salles d'expositions aérées de tous les côtés datant de l'époque ancienne. Quant à l'idée d'une bibliothèque pour toute la wilaya, elle ne sera jamais réalisée à l'intérieur de l'enceinte du fort. Des explications données par les élus de l'APC, l'on en retient une seule qui consiste à dire que «c'est à l'Agence nationale d'archéologie de se débrouiller ou d'abandonner le château». Ce bordj ou fort est édifié sur un rocher de quinze mètres de hauteur, surplombant toute la ville de Bordj Bou-Arréridj, ce qui rend le site visible de tous les côtés et est aussi un poste d'observation et de surveillance. La vue d'en haut est magnifique et l'on peut voir tous les villages environnants, même ceux situés à une vingtaine de km d'où sa position stratégique pour défendre, à travers les époques, toutes les portes d'entrée de la ville et protéger du temps des invasions, l'unique source d'eau appelée à l'époque Aïn Bordj. De cette source coulait une eau curative, dit-on, puisqu'elle venait de la fontaine du roi (Aïn soltane), située dans les montagnes de Merisane. Cette source surnommée par les Bordjiens «Aïn cirage» a été détruite et son eau a été détournée vers une destination inconnue. En tout cas, l'on ne sait pas jusqu'à présent pourquoi l'APC, dans les années 60, avait-détruit une partie des murs du château et cette source d'eau, pourtant bien aménagée par l'occupant français. Une véritable perte pour la beauté du fortin et la ville de Bordj Bou-Arréridj, une perte pour l'archéologie et la science et enfin une perte pour l'histoire de toute une région en péripéties et enfin pour le tourisme d'une manière générale. Selon les anciens Bordjiens, dans les années 60, le château était entouré de jardins, arrosés justement par cette source. Ses champs de légumes et de fleurs ont été «cédés» au béton. Ce fort historique est signalé dans plusieurs livres consacrés à Bordj Bou-Arréridj dont l'un a été écrit par Francine Dessaigne, une historienne française qui relève que «situé à 900 mètres d'altitude sur le plateau désertique de la Medjana, le village de Bordj Bou-Arréridj n'éxistait pas encore lorsqu'en octobre 1839, le duc d'Orléans avec l'armée du général Valée, décide le bivouac au lieudit Aïn Bou-Arroudj, protégée par un fort». Le fort existait donc bien avant la ville de Bordj Bou-Arréridj. Un autre historien français qui était chef de troupe de l'occupation française du nom de Ferraux, a, dans un autre livre concernant l'histoire de l'est algérien affirmé que «les édifices rencontrés près d'une source appelée Bou-Arréridj sont un fort bâti qui constitue un poste d'observation stratégique et une base-arrière aux troupes ottoman. Ce fort, selon les mêmes sources, a été utilisé par les Almohades lors de leurs conquêtes et fut un élément du dispositif guerrier pour assiéger les Hammadites». Pendant l'époque turque, le fort assurait la sécurité des caravanes commerciales sujettes à de nombreuses attaques dans la région. Ainsi donc, le fort d'El Mokrani est sans conteste le plus important vestige historique de toute la région des Bibans et était à chaque époque la convoitise des occupants. Aujourd'hui abandonné, le château d'El Mokrani est devenu le repère des cigognes et des pigeons et aucune administration ne veut le restaurer. Pourtant, il suffit juste d'une décision administrative ou d'une donation à une association pour en faire un musée. Le château d'El Mokrani offre également la possibilité d'une exploitation touristique pour attirer les visiteurs, ou les rares touristes qui s'aventurent dans la région des Bibans, démunie de toute infrastructure touristique. «Un grand hôtel sera le mieux indiqué, faute de musée, et des restaurants adaptés à cette magnifique structure bâtie sur un rocher, dominera alors toute la ville de Bordj Bou-Arréridj et à ce moment, le visiteur s'intéressera peut-être à ce château et par-delà à l'histoire de la ville de Bordj Bou-Arréridj puisque les hautes autorités semblent vouloir oublier l'histoire de la région et l'histoire de Hadj El Mokrani. Une idée comme toutes les autres, mais pourvu que l'on s'intéresse au château d'El Mokrani». Son appel sera-t-il entendu? Dans d'autres pays, ce genre de bâtisse est exploitée à des fins historiques, touristiques, et même scientifiques.