A 77 berges, le chanteur kabyle Akli Yahiatène qui s'était exilé en France durant plus de 40 ans revient depuis 2002 régulièrement sur l'arène des spectacles. Vieilli certes et çà se voit rien que sur le cou très mou, car l'artiste n'a aucune ride ni aucun cheveux blanc. Le Ramadhan Akli Yahiatène avait donné pas moins de neuf récitals lors d'une tournée qui l'avait menée à commencer par Médéa et Oran. Cette année, il ne s'agira pas pour lui de faire une tournée mais de remonter sur scène ce soir au Mouggar à partir de 22h et avec qui ? Et bien çà sera avec les cinquante musiciens de l'Orchestre symphonique national et une imposante chorale. Demain, le chanteur proposera un autre spectacle à Tizi Ouzou où il a bien sûr de nombreux fans. D'ailleurs le chanteur a avoué dans un entretien qu'il en avait " des frissons pour ce concert" ajoutant que "c'est la vraie musique avec un orchestre de classe. C'est ainsi que je conçois cet art avec sa rigueur, sa discipline, son professionnalisme, ses hautes valeurs et compétences artistiques. Nous effectuons de longues et minutieuses répétitions ensemble pour donner un concert de haute qualité."Une nouveauté donc pour ce chanteur habitué à avoir son propre chef d'orchestre, Ahcene Nait Zaim, musicien polyvalent, chanteur et compositeur. Le spectacle de ce soir fera certainement l'événement comme à chaque fois que cet artiste très vénéré par les Kabyles, remonte sur scène. Chose qu'il fait de façon fidèle depuis 2002 jusqu'à ce jour, la preuve c'est qu'il a eut son lot de tournée lors du PANAF 2009.Le retour sur l'arène il l'a certes accomplie mais cet enfant de Ath Mendés dans la région de Boghnie (W de Tizi Ouzou) n'a pas signé d'album depuis plus de 12 ans. Un bail ! En revanche le chanteur de l'exil a l'intention de graver sur CD toutes les chanson sortie en 33 tours ou en 45 tours chez Pathé Marconi, l'une des rares maisons de disques qui produisait les africains en France dans les années 50. Akli Yahiatène veut à travers ce travail faire connaître toutes ses chanson à son public et non pas seulement ses succès comme " Ya lmanfi." Son retour sur scène s'est fait naturellement, accompagner par un retour du public qui continue à l'apprécier comme un artiste authentique de la chanson chaâbie kabyle, puisée dans les souffrance, des émigrés, "ces bras en fer " qui ont construit la France après la Seconde Guerre mondiale dans des conditions d'extrême précarité. Et c'est çà que chante Akli qui a embarqué pour la France à l'âge de 21 ans à la recherche d'un boulot. Il n'a pas connu les bancs de l'école, mais il s'initie dés son arrivé en France à la mandoline. Avant d'être embauché par Citroën, Akli Yahiatene vit de petits métiers en s'adonnant à son art favori, la musique pendant ses temps libres. Le pays " Tamurth ", " l'ghorva", (l'exil) …..sont les thèmes qui se sont imposé à ce chanteur qui a eu, à peu près le même parcours que ses compères, Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui… Comme eux il a rencontré le compositeur et chef d'orchestre Amraoui Missoum qui l'encourage à éditer ses 33 tours. Comme eux il a chanté l'amour de la patrie…dans notamment Inas i mlaayun Taos (1959), Thamurthiw (Mon pays) qu'il compose en 1962, Jahagh bezzef dhameziane (Je me suis exilé trop jeune), Zrigh ezzine di Michelet (j'ai rencontré la beauté à Michelet), El Fraq bezzaf youar (La séparation est trop dure), Aminigh awal fahmith (Je voudrais que tu comprennes) ou encore Yedja yemas (Il a laissé sa mère). Son titre fétiche celui qu'il admire parmi tout les titres qu'il a signé, Yal Menfi (Le Banni), a été composé en 59 durant son séjour en prison, après être suspecté de collecter des fonds pour le FLN. Le titre est un succès immédiat. Un autre aussi le fut Ya Moujarrab. Avec ces deux succès écrits en arabe populaire Akli Yahiatene a eu une consécration suprême. D'ailleurs, l'un comme l'autre figurent encore au catalogue des " Scopitones ", ces fameux juke-box qui diffusaient l'ancêtre des vidéo clips dans les cafés maghrébins de Paris, Lyon ou Marseille. Yasmine Ben