Avec du recul, nous pouvons affirmer que l'événement culturel du mois sacré a été fait par deux artistes : Samy Youcef, qui a cartonné à la Coupole avec un concert ayant regroupé plus de 8 000 spectateurs et Akli Yahiatene, le chanteur de l'exil, qui a opéré un come back fracassant dans pas moins de trois villes, -Alger, Bouira- Tizi Ouzou. A 74 ans, l'interprète de la fabuleuse, Al Manfi n'a rien perdu de son aura qui a emballé un impressionnant public l'ayant accompagné dans chacune des villes jusqu'à très tard dans la nuit. Il a certes fait son retour sur scène en 2002, 2003, 2004, 2006 à Alger et à Paris, mais point d'album depuis déjà 12 années. Son retour sur scène s'est fait naturellement, accompagner par un retour du public qui continue à l'apprécier comme un artiste authentique de la chanson chaâbi kabyle, puisée dans les souffrance, des émigrés, “ces bras en fer ” qui ont construit la France après la Seconde Guerre mondiale dans des conditions d'extrême précarité. Et c'est çà que chante Akli qui a embarqué pour la France à l'âge de 21 ans à la recherche d'un boulot. Il n'a pas connu les bancs de l'école, mais il s'initie dés son arrivé en France à la mandoline. Avant d'être embauché par Citroën, Akli Yahiatene vit de petits métiers en s'adonnant à son art favori, la musique pendant ses temps libres. Le pays “ Tamurth ”, “ l'ghorva”, (l'exil) …..sont les thèmes qui se sont imposé à ce chanteur qui a eu, à peu près le même parcours que ses compères, Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui… Comme eux il a rencontré le compositeur et chef d'orchestre Amraoui Missoum qui l'encourage à éditer ses 33 tours. Comme eux il a chanté l'amour de la patrie…dans notamment Inas i mlaayun Taos (1959), Thamurthiw (Mon pays) qu'il compose en 1962, Jahagh bezzef dhameziane (Je me suis exilé trop jeune), Zrigh ezzine di Michelet (j'ai rencontré la beauté à Michelet), El Fraq bezzaf youar (La séparation est trop dure), Aminigh awal fahmith (Je voudrais que tu comprennes) ou encore Yedja yemas (Il a laissé sa mère). Son titre fétiche celui qu'il admire parmi tout les titres qu'il a signé, Yal Menfi (Le Banni), a été composé en 59 durant son séjour en prison, après être suspecté de collecter des fonds pour le FLN. Le titre est un succès immédiat. Un autre aussi le fut Ya Moujarrab. Avec ces deux succès écrits en arabe populaire Akli Yahiatene a eu une consécration suprême. D'ailleurs, l'un comme l'autre figurent encore au catalogue des “ Scopitones ”, ces fameux juke-box qui diffusaient l'ancêtre des vidéo clips dans les cafés maghrébins de Paris, Lyon ou Marseille. Même si ce chanteur de l'exil n'a pas paraphé d'album depuis une décennie, sa musique continue de charmer nostalgiques et férus de ce chaâbi épuré de fioritures. La muse du chanteur est encore présente rassurez-vous, puisque l'artiste a promis après cette longue absence un nouvel album qui sortira bientôt !