LE PROJET Desertec suscite l'intérêt de nombreux acteurs des deux rives de la Méditerranée. Ainsi, le Maroc, la Tunisie, la Libye et l'Egypte sont en course pour attirer chez eux un des trois projets pilotes de Desertec, d'une capacité d'un gigawatt chacun. Afif Chelbi, ministre tunisien de l'Industrie de l'Energie, a déclaré récemment au journal électronique Business News que la Tunisie sera un acteur majeur dans Desertec. "Ce projet permettra à la Tunisie, tout comme les plans solaires tunisien et méditerranéen, de devenir un centre international de production industrielle et d'exportation dans le domaine de l'énergie solaire", a-t-il soutenu. Aussi, EDF, l'italien Enel, l'espagnol Red Electrica Espana, ABB, sont en négociations pour agrandir le cercle initial des investisseurs. En Algérie, c'est le groupe Cevital qui a en premier manifesté son intérêt pour le projet et s'est d'ailleurs associé à la Fondation Desertec dès le lancement de l'idée. "Nous sommes en train de nous battre pour obtenir un ou deux projets en Algérie. Nous avons le plus grand désert de la région", a estimé Issad Rebrab, dont le groupe, Cevital, est partie prenante du projet. M. Rebrab a saisi, par écrit, le ministère de l'Energie et des Mines, pour une éventuelle implication et pour attirer l'attention sur la forte concurrence suscitée par l'initiative. Selon lui, les avantages comparatifs de l'Algérie lui permettent de bien se placer dans la course. Il a évoqué l'industrie du béton et du verre bien avancée dans le pays. Des matériaux nécessaires pour la construction des centrales solaires. "C'est une grande opportunité pour notre pays", a insisté Issaâd Rebrab. "Nous avons exprimé notre souhait que cette opération se fasse dans l'intérêt de notre pays. Nous pouvons être demain à l'avant-garde dans la production de l'énergie durable", a-t-il souligné. Néanmoins, les pouvoirs publics algériens n'ont pas affiché de position claire à ce sujet. Ainsi, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a estimé que "Desertec est une association de sociétés qui n'a pas fait de propositions concrètes d'investissement. Il s'agit d'idées qui se discutent". Selon lui, l'Algérie pourrait accepter les projets mais avec des conditions. "Nous ne voulons pas que les étrangers viennent installer leurs centrales chez nous et nous demandent d'acheter de l'électricité avec leurs prix ", a-t-il noté. Pour rappel, Desertec avait été lancé en juillet par 12 entreprises, majoritairement allemandes, à l'initiative du réassureur allemand Munich Re. Son montant est estimé à 400 milliards d'euros. L'agenda de Desertec prévoit de fournir d'ici trois ans des " plans d'investissement réalisables" pour la création de ce réseau de centrales solaires. L'objectif est de couvrir à terme 15% des besoins énergétiques de l'Europe et une grande partie de ceux des pays producteurs. Parmi les groupes déjà impliqués se trouvent la banque allemande Deutsche Bank, les groupes énergétiques EON et RWE, le conglomérat Siemens ou encore l'espagnol Abengoa Solar et l'algérien Cevital. S.G.