Des hélicoptères de combat de l'armée pakistanaise ont attaqué, hier, des bases des insurgés taliban proches de la frontière afghane où l'offensive en est à son cinquième jour. L'état-major a parallèlement demandé aux forces de l'Otan déployées en Afghanistan de sécuriser la frontière pour éviter les mouvements de combattants islamistes entre les deux pays. L'armée pakistanaise est passée à l'offensive samedi dernier pour tenter de reprendre le contrôle du Sud-Waziristan, dans les zones tribales du nord-ouest du pays, fief du Tehrik-e-Taliban, ou mouvement des taliban pakistanais. L'opération, menée depuis le nord, le sud et le sud-est du territoire, a été lancée alors que le Pakistan venait de vivre deux semaines d'attentats à la bombe commis par les islamistes et qui ont fait plus de 150 morts. Mardi, deux nouveaux attentats suicide ont visé la capitale, tuant six personnes à l'université islamique d'Islamabad. Les autorités ont décidé de fermer les établissements scolaires et universitaires du pays. Sur les ondes de la BBC, Qari Hussain Mehsud, haut commandant taliban considéré comme "le mentor des kamikazes", a revendiqué la responsabilité de cette nouvelle attaque et déclaré que pour les insurgés, "tout le Pakistan était désormais une zone de guerre". L'offensive au Sud-Waziristan, un territoire montagneux de 6.600 km² où seraient établis quelque 10.000 islamistes armés, est suivie de près par les Etats-Unis et les autres puissances engagées en Afghanistan. Les premiers jours, les quelque 28.000 soldats pakistanais lancés sur le front n'ont rencontré qu'une faible résistance, mais les combats se sont intensifiés à mesure que l'armée pakistanaise s'est rapprochée des principales bases des insurgés, dans les montagnes. Mercredi, des hélicoptères de combat et l'artillerie sont entrés en action contre des bastions de Makeen et Ladha. Des échanges de tir nourris ont également eu lieu à Kotkai, la ville de Qari Hussain Mehsud, par ailleurs ville natale du chef du Tehrik-e-Taliban, Hakimullah Mehsud. Les forces de sécurité en avaient brièvement pris le contrôle dans la nuit de lundi à mardi, mais les insurgés l'ont reprise depuis. L'état-major a par ailleurs exhorté les forces de l'Otan en Afghanistan à fermer la frontière entre les deux pays "afin d'empêcher les mouvements transfrontaliers et de stopper la circulation d'armes". L'appel a été relayé par le président de la commission conjointe pakistanais des chefs d'état-major, le général Tariq Majid, lors de discussion avec son homologue britannique, Sir Jock Stirrup. Ces derniers jours, des journaux pakistanais ont signalé que la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf), sous commandement de l'Otan, avait abandonné des postes-frontière situés en Afghanistan, face au Sud-Waziristan. Ces départs, ajoutent-ils, permettent à des taliban afghans de venir en aide aux taliban pakistanais ou à ces derniers de fuir les combats. Dans un communiqué militaire diffusé tard mardi soir, le général Majid insiste sur la nécessité d'une "synchronisation des efforts menés de part et d'autre et d'un partage en temps réel des renseignements relatifs aux opérations en cours". D'après l'armée pakistanaise, 90 islamistes armés et 13 soldats ont été tués depuis le déclenchement de l'offensive, un bilan impossible à confirmer de source indépendante. Les journalistes étrangers sont tenus à l'écart de la zone de combat, très dangereuse pour les reporters pakistanais.