Le respect de l'environnement est devenu une priorité économique pour les pays industrialisés et les marchés à l'exportation, qui exigent des normes environnementales comme moyen de concurrence et de limitation de l'entrée de certains produits dans ces pays. Pour l'Algérie, M. Hocine Chahal, spécialiste senior en environnement, au département développement rural, eau et environnement de la région Mena auprès de la Banque mondiale, a souligné hier dans une interview que l'Algérie a entrepris de lutter contre la pollution industrielle à travers un vaste programme comprenant le projet appuyé par la Banque mondiale. Il est à rappeler que la Banque mondiale a engagé des discussions avec les autorités algériennes au début des années 1990, pour faire face aux problèmes rencontrés du fait des conséquences environnementales importantes causés par une industrie dont la technologie devenait obsolète, notamment les problèmes de santé publique observés dans la région d'Annaba. L'Algérie a donc décidé, en 1995, avec l'aide de la Banque mondiale, de réduire la pollution industrielle dans cette zone. Ces discussions qui ont porté sur la dépollution industrielle sont arrivées en 1997, à la définition du projet de Contrôle de la pollution industrielle (CPI) et à un accord de prêt. Le CPI incluait, selon M. Chahal, deux composantes principales à savoir une composante de renforcement institutionnelle et réglementaire et une composante d'investissement visant la mise en place d'installations de dépollution au sein du complexe engrais phosphatés et azotés et du complexe sidérurgique d'Annaba. Il est à noter que ce projet a été clôturé en juin 2005 avec des résultats notables pour les deux composantes, selon le rapport d'évaluation de la Banque mondiale. Pour ce qui est des défis auxquels ce projet s'est attaqué en termes de lutte contre la pollution industrielle en Algérie, M. Chahal a affirmé que le type d'actions envisagé par le projet CPI, notamment dans ses aspects institutionnels et réglementaires, nécessite généralement un horizon à moyen et long terme : "le défi de leur mise en œuvre durant la période du projet était donc immense". Concernant la composante investissement, il a indiqué que l'adhésion des entreprises concernées était évidemment un pré-requis pour le succès du projet. Bien que dans le cas de l'entreprise Sider, les investissements effectués dans le cadre du projet ont été relativement limités, l'effet catalytique du projet a contribué significativement à la privatisation ultérieure du complexe et à l'engagement de la nouvelle entité à poursuivre les efforts de dépollution initiés dans le cadre du projet, selon ce même responsable. Pour le cas de l'entreprise Asmidal, il a affirmé que les investissements ont été plus significatifs et ont contribué de façon efficace à l'amélioration des performances environnementales de l'entreprise et permis sa privatisation, en 2005, dans de meilleures conditions, notamment la réduction significative des émissions de dioxyde de soufre, d'oxyde d'azote et de particules, améliorant ainsi sensiblement la qualité de l'air dans la zone d'Annaba et, en conséquence, la situation en termes de santé publique et d'aménités environnementales. Après la clôture de ce projet officiellement en juin 2005, le département d'évaluation des opérations de la Banque mondiale a procédé à une évaluation indépendante du projet CPI et a conclu qu'il a atteint de façon globalement satisfaisante les objectifs fixés. Notons que la dynamique engagée à travers ce projet doit se poursuivre pour ancrer les résultats obtenus et faire en sorte que les défis restants soient surmontés avec succès, notamment dans le domaine de la gestion des déchets industriels dangereux, de la gestion des PCB (poly-chloro-biphényls) et autres composés chimiques dangereux. Dans ce cadre, il a indiqué, qu'actuellement le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement a formulé une demande d'assistance à la Banque mondiale dans un certain nombre de secteurs, pour renforcer les acquis et aider l'Algérie à bénéficier du Mécanisme de développement propre défini par le Protocole de Kyoto. En outre, la Banque mondiale a mobilisé pour l'Algérie un Fonds pour le financement d'un projet d'élimination des PCB, qui commencera dans les tout prochains mois.