L'Algérie a célébré hier la journée mondiale de la montagne sous le thème: "la gestion des risques de catastrophes en montagne", avec l'objectif d'impliquer davantage les populations rurales dans la préservation des écosystèmes montagneux. La wilaya de Jijel a été choisie cette année pour célébrer la journée mondiale de la montagne, proclamée par les Nations unies depuis 2003, a indiqué le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. En Algérie, plusieurs mesures ont été prises dans le cadre de la politique du Renouveau rural pour lutter contre la "dégradation inquiétante" de ces espaces montagneux, due notamment à l'intensification du phénomène d'érosion des terres des bassins versants sur plus de 12 millions d'hectares (ha), la disparition d'espèces végétales, l'utilisation irrationnelle et excessive des terres agricoles, les prélèvements anarchiques du bois de chauffage. La concrétisation de cette politique s'appuie sur l'implication active des populations rurales concernées et les autorités locales, qui sont appelées à travailler en synergie, en vue de réaliser les objectifs escomptés.La politique tracée a pour objectif la promotion d'un développement économique du pays associant l'ensemble des intervenants sur les territoires ruraux. Elle est mise en œuvre à travers quatre programmes fédérateurs (la modernisation et/ou la réhabilitation des villages et des K'sours, la diversification des activités économiques, la protection et la valorisation des ressources naturelles ainsi que la protection et la valorisation du patrimoine rural matériel et immatériel, rappelle le ministère. Cette journée constitue, selon la DGF, un cadre permettant de renforcer la sensibilisation sur le nombre élevé de risques naturels dans les zones de montagne et sur la vulnérabilité élevée de leurs habitants. En Algérie, une loi promulguée en juin 2004 protège les zones de montagne dans le cadre du développement durable. La zone de montagne est constituée d'un ensemble d'entités homogènes formées de terres hautes, de plateaux, de vallées profondes et de hauts piémonts. C'est un espace varié et assez diversifié et le relief y est continu et les compartimentages parfaits. La végétation y est également importante et variée mais le climat est rude et incertain, il joue avec l'altitude un rôle prépondérant. L'espace montagneux s'étend tout le long de la partie nord du pays et en bordure de hautes plaines steppiques. Les zones de montagne en Algérie couvrent une superficie de 7.565.000 ha, constitués de bas piémonts (18%), de hauts piémonts (57%) et de montagne (25%). Les zones forestières représentent 31% de la superficie totale, les zones agro-sylvo-pastorales constituent 52% et les surfaces agricoles utiles l'équivalent de 831.000 ha. Environ 30 à 35 % des habitants du pays vivent en zone montagneuse tellienne dont plus de 20% en zone de montagne proprement dite, ce qui suppose une forte pression sur les ressources naturelles et la population de ces zones est jeune et dynamique. Les zones de culture sont relativement importantes et disloquées. Elles ont surtout tendance à se réduire sous la pression du nombre et de la complexité des structures foncières. Le travail de la terre et l'élevage constituent la principale source de revenus. Les montagnes semi arides de l'Atlas saharien et de piémonts Est et Ouest, sont selon la DGF, "fortement érodées, il s'y pratique la céréaliculture combinée à la transhumance et l'exode rural y a été pendant longtemps une donnée réelle, a-t-on constaté. La montagne a subi par le passé une dégradation inquiétante due essentiellement aux pluies intenses et irrégulières ayant intensifié l'érosion hydrique des terres dans les bassins versants, 12 millions d'hectares sont concernés, aux diminutions par la disparition d'espèces végétales et aux feux de forêts. Face à cette situation, le développement des zones rurales défavorisées de montagne a toujours constitué un des grands objectifs de la politique en la matière. Par ces objectifs, ce développement vise ainsi le maintien de la population rurale par le développement durable de la production agricole et la mise en valeur des terres par des actions d'aménagement à forte intensité de main-d'œuvre. Ce développement vise également, à impliquer les populations concernées et à les associer dans l'élaboration et l'exécution de projets économiques viables, a-t-on souligné. La politique du "renouveau agricole" met l'accent sur la sécurité alimentaire des ménages ruraux, le rétablissement écologique et l'amélioration des conditions de vie des populations rurales, considérées comme les axes prioritaires en matière de développement rural, a-t-on rappelé. La politique conduite actuellement grâce aux projets de proximité de développement intégré a permis certes, de contribuer fortement à développer une base infrastructurelle importante, à élargir et à désenclaver de nombreuses communes rurales, a indiqué la DGF, ajoutant que "plus de 6.000 projets de proximité ont été lancés depuis 2002, dont la majorité sont localisés au niveau des zones de montagne". Le programme de renouveau agricole 2009/2014 arrêté dans le cadre de contrats de performance à l'échelle nationale, concernera 12.148 projets du genre au niveau des 48 wilayas localisées, de 947 communes et au profit de un million et demi de ménages et permettra la création de plus d'un million d'emplois et de traiter une superficie de plus de 8 millions d'ha et une extension de la superficie agricole utile de plus de 250.000 ha, selon la GDF. En matière de lutte contre la dégradation des terres dans les bassins versants, il a été mis en place un programme national de reboisement depuis 2000 visant à la réalisation de plus de 1,2 million de plantations forestières, en 20 ans, soit une moyenne de 60.000 ha par an. Il a été lancé un programme 2009/2014 basé sur des études, d'aménagement intégré de 34 bassins versants de barrage sur une superficie de 3,5 millions d'ha localisés au niveau de 26 wilayas dont la population est estimée à 7 millions d'habitants. Le programme multisectoriel est établi selon des zones de priorité dont l'érosion est extrême, très élevée et élevée. Ces bassins versants vont être traités selon les principales techniques de protection des sols préconisées dans les études, à savoir des mesures anti-érosives à caractère biologique, des mesures anti-érosives à caractère mécanique et des travaux spéciaux relatifs à des ouvrages d'envergure, a-t-on précisé. En matière de réhabilitation et d'extension du patrimoine forestier, les objectifs retenus sont notamment un taux de couverture de 25% pour atteindre un équilibre écologique idéal, l'amélioration de l'état de productivité des peuplements forestiers par la programmation des travaux sylvicoles et des capacités de gestion des forêts par l'acquisition d'équipements spécifiques de surveillance, de prévention et de lutte contre les incendies et les maladies. D.T.