Dans une interview, qu'il a accordée au journal espagnol El Pais, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika a évoqué la visite du souverain espagnol, Juan Carlos 1er, en soulignant que cette visite a une profonde signification pour l'Algérie et qu'elle vient également couronner les efforts déployés ces dernières années pour impulser la coopération bilatérale et lui ouvrir de vastes perspectives. L'Algérie est reliée à l'Espagne, depuis 1996, par un premier gazoduc, le GME (Gazoduc Maghreb-Europe) et en 2009 elle le sera par un deuxième, le Medgaz. Le journal espagnol a ensuite interrogé le chef de l'Etat sur le risque que l'Espagne ne soit submergée par le gaz algérien, africain ainsi que sur des risques de dépendance du gaz algérien. M. Bouteflika a tenu à rassurer ses vis-à-vis en indiquant que l'Espagne ne s'est pas engagée à la légère dans la coopération en matière de gaz, ce qui lui permettra, en fait, de fournir à son tour en gaz le reste de l'Europe, chose qui lui conférera un bon nombre d'avantages et sur tous les plans. Concernant les amendements apportés à la loi sur les hydrocarbures et la fiabilité de l'Algérie comme partenaire dans le domaine de l'énergie, il a affirmé que sur le plan des relations économiques internationales, chaque partie défend ses intérêts sans état d'âme. Précisant que cela a été le cas de l'Algérie lorsqu'il s'est agi de disposer de ses ressources en hydrocarbures. Il s'est d'ailleurs dit étonné qu'on s'interroge sur la fiabilité de l'Algérie. En matière de gaz et la proposition du leader iranien, Ali Khamenei, de créer une Opep du gaz, il a indiqué que la suggestion iranienne entre tout à fait dans les tendances introduites par la mondialisation et qui conduisent les producteurs à se solidariser pour la défense de leurs intérêts et que l'idée n'est pas à rejeter a priori, elle mérite d'être examinée et discutée par tous les intéressés. Il a affirmé que le processus de réforme se poursuit et qu'il y va de l'intérêt du pays, car la richesse pétrolière n'est pas éternelle et qu'il faut préparer l'après-pétrole. Concernant les relations bilatérales et la position de l'Espagne relative au conflit du Sahara occidental mise, par exemple, en relief par son abstention lors des deux votes de résolutions cet automne à l'Assemblée générale des Nations unies , le chef de l'Etat a affirmé que les relations économiques sont excellentes et que les relations politiques le sont aussi, bien que les positions sur le dossier du Sahara occidental divergent quelque peu. " Nous avons toujours dit à nos amis espagnols qu'ils ont tout à gagner à assumer leur responsabilité morale et historique sur cette question en contribuant activement à rétablir le peuple sahraoui dans son droit légitime à décider démocratiquement de son destin",dira-t-il, avant d'ajouter que ce problème concerne le royaume du Maroc et le Front Polisario et que l'Algérie soutient cette cause comme elle l'a fait partout dans le monde pour Belize, Brunei, Surinam, Timor et d'autres régions du monde où se posait un problème de décolonisation. Pour ce qui est du plan d'autonomie pour le Sahara occidental, proposé par le Maroc, il a affirmé qu'aucune solution unilatérale ne peut être viable et seule la reconnaissance du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination est de nature à résoudre le problème. Interrogé sur la possibilité que l'Algérie puisse faire un jour la guerre au Maroc, il a réaffirmé qu'en aucun cas l'affaire du Sahara occidental ne peut constituer un casus belli entre l'Algérie et le Maroc. Pour ce qui est de la construction maghrébine, le président de la République indiquera qu'il est certain que tant que le problème du Sahara occidental ne sera pas résolu de manière satisfaisante et définitive, il sera difficile de progresser dans la voie de l'édification d'une union véritable et dynamique qui contribuerait, cela ne fait aucun doute, au développement du Maghreb. S'agissant de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, il a souligné qu'il suffit de circuler à travers le pays pour se rendre compte que la paix est une réalité, même si des actes terroristes sont encore commis de temps en temps. "Ces actes sont le fait du grand banditisme. Ils n'ont rien d'idéologique", dira-t-il. S'agissant de la lutte antiterroriste, M. Bouteflika indiquera que l'Algérie coopère avec tous les pays susceptibles de lui apporter une aide pour en finir avec ce fléau, avant d'ajouter que les institutions algériennes fonctionnent conformément à la Constitution et seulement la Constitution et que le reste n'est que spéculations. Il a également déclaré que la question de l'amendement de la Constitution est à l'étude. "S'il fallait changer quoi que ce soit, le dernier mot reviendra, d'une manière ou d'une autre, au peuple algérien", dira le Président.