Comme cela était attendu, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé hier de maintenir inchangés ses quotas de production de pétrole lors de sa réunion en Angola. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a déclaré à la presse à l'issue de la réunion extraordinaire de l'Opep dans la capitale angolaise, Luanda que les ministres des pays de l'Opep ont décidé d'un "maintien" de l'objectif global de production, fixé depuis début janvier à 24,84 millions de barils par jour (mbj). Rien d'étonnant donc, puisque la majorité des représentants du cartel avaient affiché un consensus sur le maintient de la production à la veille de la réunion. Une rencontre qui aura, somme été brève et qui n'a fait qu'entériner ce consensus. A l'ouverture des travaux, le président de l'Opep, José Maria Botelho de Vascocelos, a d'ailleurs indiqué que "des doutes subsistent sur les leviers de la reprise", évoquant les "incertitudes persistantes dans le secteur financier et les craintes sur la vigueur de la croissance", en raison du chômage et "de la crainte que les plans de relance économique ne s'arrêtent trop rapidement". Les prix sont excellents, a résumé le ministre saoudien du Pétrole Ali Al-Nouaïmi, chef de file de facto de l'Organisation. "Les prix se sont établis à des niveaux plus confortables", a abondé le président en exercice de l'Opep, José Maria Botelho de Vasconcelos, dans son discours d'ouverture. L'horizon n'est pourtant pas entièrement dégagé : l'abondance de l'offre pétrolière et la fragilité de la demande risquent toujours d'entraîner les prix du pétrole à la baisse. Le président en exercice de l'Opep ajoutera dans ce sens que pour ce qui est du marché pétrolier, la demande "présente un tableau mitigé": alors que la croissance de la consommation s'améliore dans les pays émergents, "l'OCDE reste en territoire négatif". Il a également affiché une certaine inquiétude par rapport au niveau "élevé" des stocks pétroliers, une crainte exprimée par plusieurs ministres avant la réunion. Les stocks de pétrole s'affichent à des niveaux historiquement élevés aux Etats-Unis. Selon l'Agence internationale de l'Energie, 55 millions de barils de brut et 98 millions de barils de produits pétroliers s'entassaient dans des bateaux. "La reprise économique avait fait du chemin" par rapport à la dernière réunion de l'Opep, en septembre dernier à Vienne, a toutefois jugé le ministre. "Davantage de pays de l'OCDE émergent de la récession et la croissance s'accélère dans les pays émergents, spécialement en Asie", a-t-il affirmé. M. Bothelo de Vasconcelos a également salué la remontée des prix du brut. Mais le cabinet londonien CGES, a estimé lundi que la demande mondiale de pétrole était récemment repartie à la baisse, la reprise semblant "chanceler" dans les pays développés. Tombés à quelque 32 dollars un an plus tôt, ils évoluent depuis plusieurs mois entre 70 et 80 dollars, un niveau jugé satisfaisant par les producteurs. "Les prix sont remontés à des niveaux confortables. C'est une bonne nouvelle pour les capacités de production et l'avenir de la production. Certains projets qui avaient été suspendus, ont déjà été relancés" au sein de l'Opep, a-t-il déclaré. En raison du manque de liquidités et de l'effondrement des cours du brut, l'Opep avait annoncé fin 2008 l'ajournement de 35 projets pétroliers. Un autre sujet de préoccupation s'est en revanche évaporé entre Vienne et Luanda. En septembre, le cartel s'inquiétait de l'offensive mondiale contre le réchauffement climatique et de l'appel à réduire la consommation d'énergies fossiles, dont le pétrole. Mais la donne a changé depuis l'échec la semaine dernière des négociations de Copenhague sur le climat. Et à Luanda, les ministres de l'Opep avaient peine à cacher leur soulagement. "Nous ne sommes pas inquiets (par le texte de Copenhague, ndlr). Il y a des moyens de réduire des émissions de CO2 sans arrêter la consommation d'énergies fossiles", a affirmé M. Nouaïmi. "Le fait qu'une taxe carbone n'ait pas été mise en place nous satisfait parce que cela aurait pénalisé les pays producteurs", a souligné de son côté le ministre algérien Chakib Khelil, qui s'est toutefois dit déçu du résultat de Copenhague. Selon lui, les engagements pris par les pays riches de financer des transferts de technologie énergétique vers les pays du Sud n'ont pas été réitérés à Copenhague. "C'est un pas en arrière", a-t-il estimé. Samira G.