Surprise ! Avec cinq albums pur Andalou, Zakia Kara Terki vient d'occuper la scène Hawzi, une variante populaire de l'andalou avec la récente sortie d'un nouvel album. Changement du tout au tout, du sacré au profane comme on dit. Nous ne savons pas si nous devrions mettre cette "performance " lyrique sur le compte d'une aventure personnelle d'explorer de nouveaux terreaux ou alors un procédé typiquement commercial. Le Hawzi, de Zakia n'est pas inédit. Avec son orchestre notamment son chef d'orchestre Abdelhadi Boukoura, celle- ci explore de nouveau le patrimoine hawzi, un genre beaucoup moins guindé que l'andalou. Elle le fait dans le mode Sanaâ avec un choix judicieux des titres phares et des qacidates comme " Ya Daw Aâyani ", " Ma Ichali fi youm el harb ", " Ya H'nina ",… Pour la promotion de son CD, la chanteuse a animé hier à l'auditorium Aïssa-Messaoudi de la Radio nationale, un concert musical suivi d'une séance de vente dédicace de l'album. Comme sa compère Bahdja Rahal (sauf que celle-ci est toujours dans l'andalou), Zakia Kara Terki s'est faite un nom dans l'univers naguère fermé aux femmes, de la musique andalouse, a encore le vent en poupe. Durant le mois de Ramadhan dernier, elle avait tenu le haut de l'affiche dans pas mal d'espaces culturels d'Alger où elle a animé des soirées pas banales du tout, puisqu'elle a choisi le mois sacré pour présenter à son public son septième album qui s'appelait, " Ya daw âayani/Belda ". Un autre album signé dans le mode haouzi. A vrai dire ce, n'est pas la première fois que cette brillante interprète de la musique andalouse, des plus en vue sur la scène, trempe sa plume dans ce genre musical qu'elle manie avec beaucoup de panache. Forgée dans la bonne et vieille école andalouse, à El Fakhardjia notamment, Zakia s'est imposée depuis quelques années dans le paysage musical algérien grâce à une maîtrise jamais démentie. L'album qui compte quelques qacidas célèbres puisées dans le patrimoine poétique : " Ya racha el fettane ", " H'nina ", " Ya rouh ennoufous "…est sponsorisé par l'Office national des droits d'auteur (Onda). Durant le mois sacré, en plus de la sortie de son avant dernier opus, Zakia Kara Terki a fait sa tournée dans quelques villes du pays comme Oran, Tlemcen, Constantine, Blida etc…. Née à Tlemcen, Rue des frères Abdeldjebbar, au sein d'un milieu familial particulièrement acquis à la musique arabo-andalouse ; quatrième d'une famille de six enfants. Son père feu Hassaine Abdeldjalil, fin artiste spécialiste dans la fabrication d'instruments de musique, a été lauréat des concours du meilleur artisan algérien en 1951 et des métiers en 1952. Son oncle feu Hassaine Abdelhamid grand virtuose du R'beb était chef d'orchestre de l'association Gharnata de Tlemcen fondée en 1964. La chanteuse a eu la chance de bénéficier de cet appui, dans une ville où l'andalou avait ses racines anciennes, c'est justement dans l'ancienne capitale des Zianides que sa personnalité artistique s'est forgée grâce, notamment à la création en 1970 de l'orchestre du lycée de Tlemcen sous la direction de Hadj Benkheltat. Connaissant sa grande passion et l'intérêt particulier qu'elle porte pour la musique andalouse, il l'encouragea avec l'approbation de son père à rejoindre l'orchestre nouvellement créé. En 1975, l'orchestre en question prendra le nom du grand virtuose du R'beb le regretté Mustapha Belkhodja dont le coup d'archet a laissé auprès de nombreux mélomanes, un souvenir impérissable. Elle quitte cette ville prestigieuse pour se marier en 1978, et s'installer à Alger. Après les premiers rudiments de la musique andalouse genre Ghernata (Tlemcen) elle n'a eu aucune peine à assimiler le style algérois. De 1979 à 1981 elle a eu toute latitude de profiter de la compétence de Sid Ahmed Serri et de feu Sid Ali Benmerabet le président de la prestigieuse société musicale El Djazaira El Mossilia. En tant que doyenne, elle représente une référence appréciée à travers tout le territoire national. Puis, elle a eu l'honneur de participer en tant qu'interprète soliste lors de la semaine culturelle en Syrie, (Mars 1981), en France en septembre et en Espagne (Valence).Parallèlement à ces représentations internationales, son association participait aux différents festivals de Tlemcen et du Malouf de Constantine. Partagée entre l'éducation de sa fille Yasmina, les tâches domestiques, les répétitions, et ses aspirations légitimes, la consécration pleine et entière, ne voyant rien venir, elle décide de quitter la société musicale, pour rejoindre l'ensemble d'El Fakardjia (fin 1981) où dans une ambiance aussi amicale que joyeuse, elle ne tarda pas à s'épanouir aux côtés de nombreux disciples de feu Abderazak Fakhardji, aussi, tout en suivant l'enseignement dispensé en classe supérieure par Djaidir Hamidou, puis par Harbit Rezki, elle s'y voit confier par le secrétaire général une classe d'initiation destinée aux enfants de moins de douze ans, à laquelle elle s'y consacre avec passion et esprit d'abnégation. Le Luth, Kouitra, R'beb sont ses instruments de prédilection. Rebouh H.