Passion n «Mon souhait et mon combat sont que les jeunes d'aujourd'hui, découvrent et apprécient la musique arabo-andalouse.» InfoSoir : Comment a fait Zakia Kara-Terki pour arriver à trouver un timbre unique ? Zakia Kara-Terki : Je pense que ceci vient du fait que j'ai eu la chance de faire plusieurs écoles de musique andalouse et de côtoyer les plus grands maîtres en la matière. J'ai commencé par l'école de Mustapha Belkhodja, à Tlemcen, où j'ai appris le ghernati (musique arabo-andalouse de Grenade-Espagne), et où j'ai eu comme maîtres, El-Hadj Benkelfat et les frères Belkhodja, Fewzi et Réda, avant de faire les écoles d'Alger, donc le ça'naâ (qui se revendique de Cordoue), à El Mossilia, Essendoussia et El Fekhardjia de Abderrezak Fekhardji où j'ai eu l'immense chance d'avoir Djeidir Hamidou comme maître qui m'a énormément aidée à évoluer et à trouver ce propre style. Je pense, donc, que ça émane de ce cocktail d'apprentissage. Vous n'avez pas mis beaucoup d'albums sur le marché et pourtant vous avez une grande notoriété. Comment cela se fait-il ? Et combien d'albums avez-vous faits ? C'est vrai que je mets beaucoup de temps pour faire sortir un album, car je suis toujours à la recherche de la perfection. De plus, et en toute franchise, je préfère les concerts qui me rapprochent de mon public, ce public qui est ma raison d'être et sans lequel, je n'existerais pas. Sinon, j'ai fait jusqu'à présent 5 albums : le premier, du genre hawzi, et des noubas pour les 4 autres, c'est à dire nouba Errasd, noubas Ghrib1 et Ghrib 2 et enfin nouba Reml. Pas de compositions personnelles ? Non, jamais. J'ai trop de respect pour cette musique pure et ancestrale, pour y changer quelque chose. Bien au contraire, je fais tout pour, justement, essayer de la reproduire de la meilleure manière, ou du moins la plus proche, de celle qu'on m'a enseignée et de la même façon qu'elle a été transmise à mes maîtres et ce, depuis 12 siècles. Donc, mon but est d'essayer de la perpétuer et de la transmettre à mon tour. On vous a vu jouer du 'oud et aussi du r'bab. Quel est votre instrument de prédilection ? (Rires). En fait, mon père, Abdeldjelil Hassaine, était maître luthier. Il était très apprécié à Tlemcen, au Maroc et même en France où il a travaillé chez Liberto Planas (maître luthier mondialement connu), il a été primé, à Paris, pour son fameux violon quatre quarts. Donc tout cela pour vous dire que je suis aussi à l'aise au 'oud, au r'bab, mais aussi à la kouitra, au violon, à la guitare, au demi-mandole et à la mandoline. C'est-à-dire les instruments à cordes. Je joue aussi du «mizane», donc les percussions. Et je pense que ça m'a beaucoup aidée à comprendre la façon de jouer des musiciens avec lesquels j'évolue, et d'en tirer grandement profit pour un son pur et harmonieux. Quelles ont été vos récentes œuvres ? Quels sont vos projets ? Il y a quelques mois, j'ai fait un duo avec un grand chanteur turc, de renom, Halil Necipoglu, qui fait dans le genre andalou-religieux, et avec lequel j'ai chanté 10 chansons en ...turc (rires), lors de deux concerts. Comme à l'école, j'ai dû réviser très sérieusement les paroles, mais le résultat en valait largement la peine, ce fut un franc succès très applaudi. J'ai également eu l'honneur, que le ministère de la Culture, et à l'occasion de «Alger capitale de la culture arabe», me demande de produire un album du patrimoine à la façon maâlma Yamina, grande violoniste et chikha. Autrement, je suis en train de faire la promotion de la 2e édition de mon album Noubat Errasd, aux éditions Belda diffusion, que nous avons masteurisé et mixé, et auquel j'ai rajouté des chansons de r'haoui (hawzi religieux). Je suis également en train de préparer un sixième album, genre hawzi, mais je ne vous en dirais pas plus pour le moment.