Dans l'objectif d'orienter les investisseurs étrangers intéressés par les différents pays de la Méditerranée, le réseau Anima a élaboré un guide sectoriel des politiques publiques pour l'investissement dans cette région. Les pays méditerranéens sont encore une destination à bas coût de production, et attirent un certain nombre d'activités industrielles gourmandes en main-d'oeuvre ou en énergie tel est le cas de l'Algérie. De plus, ces pays continuent leur rattrapage par rapport à ceux de la rive nord, notamment en matière d'infrastructures de base. Certains secteurs connaissent d'ailleurs une certaine dynamique, il s'agit de l'agroalimentaire, des TIC, du textile, du tourisme ... Les pays méditerranéens se sont engagés depuis plusieurs années dans des politiques d'investissement dans des infrastructures, censées faciliter leur essor économique : mise à niveau des infrastructures et réseaux de transport, création de zones d'activité et parcs technologiques, développement des télécommunications, etc. Ces investissements, souvent portés par les pouvoirs publics, ont également été l'occasion de privatisations ou de concessions, introduisant ainsi quelques grands opérateurs internationaux ou régionaux sur les marchés locaux, avec plus ou moins de réussite. Dans les télécommunications par exemple, où de nombreuses licences ont déjà été attribuées entre 2002 et 2006 (près de 30 milliards d'euros investis en incluant la Turquie), 2 licences ont été octroyées en 2009 en Jordanie et en Tunisie. Dans la logistique ou la distribution, un saut qualitatif est à faire et les investisseurs européens auraient intérêt à prendre position sur des marchés dans lesquels les infrastructures de transport domestique ont bien progressé grâce aux investissements publics, les marchés locaux sont souvent solvables, et la demande en croissance continue même durant cette période de récession mondiale. Surtout, la plupart des pays sont en demande de projets dans le domaine de la gestion de l'eau, du traitement des déchets et du développement du parc de logements, en particulier social. Les pays méditerranéens restent compétitifs, en particulier pour des entreprises européennes souhaitant relocaliser des activités productives à proximité de l'Europe, pour des activités à forts besoins énergétiques ou encore pour quelques activités nécessitant une main-d'oeuvre compétitive et souvent spécialisée. C'est en particulier le cas en Algérie ou en Syrie, qui, grâce à leur production propre d'hydrocarbures, attirent les activités métallurgiques ou chimiques, fortement consommatrices d'énergie. La chimie se développe également dans les pays disposant de matières premières sur place, comme la Jordanie ou le Maroc, et les activités minières en Jordanie, Israël ou dans les Territoires palestiniens. Des secteurs développés mais pas assez exploités Le sud de la Méditerranée dispose d'atouts importants pour briller dans le secteur de l'agroalimentaire, à commencer par sa bonne réputation culinaire, Liban, Maroc et Syrie en tête. Cette région dispose tout d'abord de producteurs significatifs comme l'Egypte (8e mondial pour les fruits et légumes, et qui vise la 3e place), le Maroc (où 60°/o de la population vivent en partie grâce à ce secteur) et la Syrie (l'agriculture y représente 25% du PIB). De plus en plus, les pays de la région montent en valeur ajoutée en développant les industries de transformation (Jordanie, Tunisie, Maroc, Syrie, Egypte) et le packaging pour développer les exportations (Egypte, Maroc, Liban). Les pays de la Méditerranée présentent des marchés importants pour la mise à niveau des PME dans tous les domaines des TIC (web, ERP, téléphonie IP, etc.), généralement déjà bien traités par des acteurs locaux et étrangers, et qui bénéficient du soutien de politiques publiques incitatives. Dans le secteur des TIC, les pays de la Méditerranée ont déjà prouvé leur capacité à sauter les étapes : on l'a vu sur le téléphone mobile, dont la déferlante a effacé la faible pénétration du fixe. Pour la même raison, la région est aujourd'hui obligée de connaître un saut technologique sur l'Internet sans fil (Wimax - 3G/4G). Pour ce qui est du textile, six pays sur les neuf étudiés, à l'est comme à l'ouest, sont positionnés sur ce secteur traditionnel dans la région. Hormis l'artisanat local, la région s'est plutôt positionnée sur la teinte, l'assemblage de prêt-à-porter destiné à l'exportation, le filage. Si toutes les grandes marques espagnoles spécialistes des séries courtes (Tara, Mango, Benetton) produisent au sud de la Méditerranée, le design reste généralement au nord. Quelques marques, en particulier de jeans marocains, ont néanmoins pu pénétrer les marchés de la rive nord. Deux axes semblent pouvoir porter le secteur pour les années à venir. Autre secteur qui connaît un engouement est le tourisme, la Méditerranée est l'une des premières destinations au monde, et le tourisme un des principaux pourvoyeurs de devises étrangères pour les pays du sud. Aujourd'hui, le secteur mute vers une plus grande spécialisation des produits offerts aux voyageurs du monde entier, et la Méditerranée accompagne ce mouvement en diversifiant grandement son offre : tourisme médical en Tunisie, tourisme d'affaires en Jordanie, golf au Maroc, plongée et nature en Egypte, qui font appel à des personnels plus qualifiés. Mais le tourisme balnéaire et le tourisme patrimonial ou religieux attirent encore la grande masse des touristes dans la région.