Le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait, dès cette semaine, infliger de nouvelles sanctions à l'Iran pour son refus de suspendre ses activités nucléaires sensibles, en présence du président iranien Mahmoud Ahmadinejad qui a rejeté à l'avance la future résolution. Les cinq membres permanents du Conseil, dotés du droit de veto (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) se sont mis d'accord sur de nouvelles mesures qui viendront renforcer les sanctions déjà prises contre Téhéran dans la résolution 1737, adoptée en décembre, et en ajouter de nouvelles. De premières consultations formelles sur le projet de résolution ont été programmées pour mercredi, pour laisser le temps aux délégations des 10 membres non permanents de transmettre le texte à leurs capitales et l'étudier. Tout en soulignant qu'ils prendraient tout leur temps pour ce faire, l'ambassadeur d'Afrique du Sud Dumisani Kumalo, qui préside le Conseil en mars, a estimé possible une adoption du texte dans la semaine, sans avancer de date précise. La séance qui sera consacrée au vote promet un spectacle insolite: le chef de l'Etat du pays sanctionné y assistera et y prendra probablement la parole, alors qu'il a d'ores et déjà opposé une fin de non recevoir à la résolution et qu'il dénie toute légitimité au Conseil de sécurité. M. Ahmadinejad a demandé officiellement à participer à cette séance du Conseil et les Etats-Unis ont indiqué qu'ils "faciliteront" son obtention d'un visa pour entrer sur leur territoire afin de se rendre à l'ONU. Washington espère que le président iranien profitera de l'occasion pour accepter "la main tendue" de la communauté internationale, a déclaré vendredi le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, en référence aux propositions économiques et politiques présentées à Téhéran en échange de la suspension de ses activités d'enrichissement d'uranium. M. Ahmadinejad souhaite "défendre les droits de l'Iran en matière de nucléaire", ce qu'il avait déjà fait à l'ONU en septembre devant l'Assemblée générale. "La nation iranienne maîtrise le cycle de la combustion nucléaire et ne reviendra pas en arrière (...) Ne vous imaginez pas que vous bloquerez le chemin que suit la nation iranienne avec ces réunions et ces conciles", a déclaré vendredi le président iranien, qui avait nié la veille toute légitimité au Conseil de sécurité. Les mesures envisagées comprennent un embargo sur les achats d'armes provenant d'Iran, ainsi qu'un appel aux Etats membres à "faire preuve de vigilance et de retenue" dans la fourniture à l'Iran de toute une série d'armements comme les chars, hélicoptères d'assaut et avions de combat. Elles contiennent aussi des restrictions financières et commerciales, ainsi que sur les voyages de certaines personnalités iraniennes liées au programme nucléaire. La 1737 avait dressé une liste de 10 entités et de 12 personnalités impliquées dans les programmes nucléaire ou balistique iraniens, dont les "fonds, avoirs financiers et ressources économiques" à l'étranger étaient gelés. Le nouveau projet ajoute à ces listes 13 entités et 15 personnalités, dont certaines sont liées aux Gardiens de la révolution. Comme la résolution 1737, le texte invoque l'article 41 de la Charte de l'ONU, qui autorise des sanctions économiques et commerciales mais exclut l'usage de la force. Il prévoit, également un nouveau rapport dans les 60 jours du directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur la manière dont l'Iran aura respecté la résolution. Si c'est le cas, les sanctions seront levées, sinon de nouvelles mesures seront envisagées.