Le chef d'Etat sortant Mahinda Rajapaksa est réélu à la présidence du Sri Lanka, a annoncé mercredi après-midi la chaîne de télévision d'Etat sri-lankaise Rupavahini. Peu après, son adversaire Sarath Fonseka a contesté les résultats du scrutin de mardi, dans une lettre adressée à la commission électorale. L'ancien chef des armées, candidat de l'opposition, explique que le score de 58% des voix attribué à M. Rajapaksa n'est pas valable et qu'il lancera des procédures judiciaires pour faire annuler ce résultat. L'armée a massé des centaines d'hommes autour de l'hôtel Cinnamon Grand Lake de Colombo, où se trouve M. Fonseka avec 400 autres personnes, dont des déserteurs, a expliqué le porte-parole de l'armée, le brigadier Udaya Nanayakkara, un déploiement qu'il qualifie lui-même de mesure de précaution. Les premiers résultats officiels indiquaient que M. Rajapaksa est en tête du scrutin de mardi, totalisant pour l'instant 5,2 millions de voix, contre 3.6 millions pour son adversaire. Quelque 14 millions de personnes étaient appelées aux urnes et la participation est évaluée à 70%. Il resterait donc environ un million de bulletins à dépouiller. M. Fonseka avait déclaré mardi ne pas être autorisé à voter, ne figurant pas sur les listes électorales. Cette déclaration pourrait refléter d'éventuelles irrégularités dans le déroulement du vote. La commission électorale avait précisé que cela n'affecterait pas sa candidature à la présidentielle. Cette élection se tient huit mois tout juste après la fin de 25 ans de guerre contre les Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE) rebelles, à laquelle ont participé de manière décisive les deux anciens chefs de guerre M. Rajapaksa et M. Fonseka, considérés tous deux comme des héros par la majorité cinghalaise. Vingt-quatre heures après le scrutin, la tension se fait de plus en plus vive à Colombo. Le président sortant, Mahinda Rajapakse, a officiellement remporté l'élection présidentielle, d'après la télévision officielle. Il aurait dépassé la barre des 50. Au même moment, l'hôtel de son rival, l'ex- chef des Armées Sarath Fonseka, est encerclé par des troupes armées gouvernementales. L'opposant a demandé mercredi matin la protection d'un pays étranger. Depuis mardi, le gouvernement accuse Fonseka d'employer une milice privée constituée de déserteurs. Des troupes armées, constituées d'environ 80 soldats, ont donc été envoyées mercredi au petit matin pour encercler l'hôtel de luxe où se trouve l'ex-général, dans le centre de Colombo. L'allégation du gouvernement a été démentie par l'opposition. Un porte-parole de Fonseka a déclaré mercredi que la présence militaire autour de l'hôtel visait à "nous intimider ou arrêter nos dirigeants". L'opposition a également dénoncé des infractions dans le scrutin, sans donner plus de précisions. Le ton de la campagne électorale, qui a tourné au réglement de comptes entre les deux principaux candidats - deux anciens alliés dans la victoire contre la rébellion séparatiste tamoule - et les accusations mutuelles de préparation de coup d'Etat font craindre un retour à l'instabilité dans un pays qui a déjà du mal à recouvrer la paix depuis la défaite des Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE), en mai dernier, après un conflit de près de 40 ans qui a fait entre 80.000 et 100.000 morts.