Le Festival international de Tin Hinan semble transformé en Festival international pour les arts de l'Ahaggar. Ce dernier a même été promu si jeune soit-il (il a deux ans) par le ministère de la Culture qui lui a donné un statut particulier en l'instituant. Il ne s'agit plus de célébrer Tin Hinan lors du festival éponyme mais de célébrer l'art de l'Ahagar. Ce rendez-vous qui se veut un rituel pour préserver les arts immatériels de l'Ahaggar débutera le 15 février prochain à Tamanrasset et se poursuivra jusqu'au 20 février. Selon les organisateurs, les préparatifs de cette édition du festival Abalessa-Tin Hinan pour les arts de l'Ahaggar "vont bon train" à Tamanrasset. Pour les responsables de l'Office du Parc National de l'Ahaggar (OPNA), principaux initiateurs de cette manif aux côtés du ministère de la Culture bien sûr, ce festival, qui s'inscrit dans le cadre de la mise en valeur du patrimoine immatériel de la région. Au menu de cette rencontre, de nombreuses communications, des conférences-débats autour du legs oral en matière de musique, de patrimoine artisanal local mais aussi d'usage des plantes médicinales du Hoggar. Ces rencontres qui seront principalement animées par des chercheurs algériens et étrangers, se dérouleront pour la plupart à la maison de la culture de Tam. En parallèle à ces activités, un concours national d'écriture sous la thématique de "Contes et légendes du patrimoine culturel saharien" a été lancé, à l'initiative du ministère de la Culture en direction des jeunes, des amateurs et des professionnels. Des concerts de chant sont également programmés dans des genres adulés et consacrés par les mélomanes de la région, à l'exemple de l'Imzad et du Tindé, avec des ténors algériens dont la majestueuse Baddy Lalla, très appréciée à Tamanrasset, ainsi que des invités de Djanet, Beni Abbès et Tindouf, et d'autres qui viendront spécialement pour l'évènement du Mali et du Niger. L'un des volets importants de la manifestation sera constitué par le "village d'ateliers" qui sera établi à Abalessa, une commune distante de quelque 120 km du chef-lieu de wilaya de Tamanrasset, et connue pour abriter le célèbre monument de la reine touarègue Tin Hinan. Le "village" d'Abalessa sera consacré à des activités diverses et variées, dont des ateliers en bronze, en cuir, en argent et de multimédia. Il sera aussi le théâtre de soirées dédiées aux "Contes et musiques africaines", animées par le "griot" femme (conteur africain) Beika Pakora et un méga-tindé avec la participation de la talentueuse Baddy Lalla. L'édition originelle du festival d'Abalessa s'est tenue du 23 au 25 février 2009, sous forme de rencontres, sous l'égide de la ministre de la Culture et du wali de Tamanrasset. Qui est Tin Hinan ? Dans les temps reculés, se trouvait une femme à la beauté légendaire dans le Sahara. Celle-ci fut venue jusqu'à l'Ahaggar, en compagnie d'une vassale Takamat. Elles ont fait le voyage seules depuis le Mali selon certains et la Libye selon d'autres... Mythe ou réalité? En tout cas, cette femme est la mère et la reine des Touaregs, ces hommes bleus qu'a enfanté Tin Hinan au sang racé. L'association des amis de l'Ahaggar a longtemps célébré cette mère lors de nombreux festivals qui lui ont été dédiés à Tam. La reine a existé en chair et en os puisque son squelette existe au musée du Bardo sauf que le récit qui l'entoure est parsemé de doutes et de mystères. Son tombeau existe aussi. Il est situé à Abalessa, l'ancienne capitale de l'Ahaggar. Tour ce qui se dit et s'écrit autour de Tin Hinan, un nom qui veut dire explicitement celle qui voyage, ; la nomade ou encore la migrante, symbolise un modèle structurel particulier chez les groupes ou le système de filiation est matrilinéaire. Eh oui si l'on considère qu'un chef de tribu fait sa passation de pouvoir non pas à son fils, mais au fils de sa sœur, c'est à dire à son neveu.