Le premier épisode de ce qui est appelé communément l'affaire Khalifa vient d'entamer sa dernière ligne droite. Aux dernières informations émanant de la cour de Blida, et répercutées par l'APS, le verdict de cette affaire sera rendu le 21 mars prochain. A partir d'aujourd'hui, le tribunal entamera les délibérations avec pas moins de 1500 questions qui seront posées concernant 94 accusés. Après 62 jours d'audience au tribunal criminel de Blida, un record dans les annales de la justice algérienne, le procès est mis en délibéré depuis jeudi dernier, après la clôture des plaidoiries. " Association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance et falsification de documents officiels " sont les chefs d'inculpation retenus contre les mis en cause, dont sept demeurent en fuite, à leur tête le principal instigateur, Abdelmoumen Khalifa, qui seront condamnés par contumace. Le procès en question concerne uniquement la caisse principale d'El Khalifa Bank, ce qui fait que la justice aura à examiner d'autres aspects de cette affaire, qualifiée d'escroquerie du siècle. Outre le procès de Khalifa Airways qui se tiendra dans un futur proche, le tribunal de Blida a promis, au cours des audiences, d'autres instructions contre tout nouveau complice éventuel dont la culpabilité vient à être établie. Peu avant les plaidoiries, le procureur général a dressé un sévère réquisitoire contre les mis en cause, à l'encontre qui il a demandé des peines allant jusqu'à 20 ans de prison. Pour les principaux accusés, le ministère public a requis une peine de 20 ans de réclusion criminelle assortie de la privation des droits civiques contre Akli Youcef, responsable à la caisse principale d'El Khalifa Bank, Chaâchoua Abdelhafid, Nekkache Hamou, Guers Hakim, Soualmi Hocine, Djamel Aziz, Chaâchoua Badreddine, Mir Omar, Kechad Belaïd et Guellimi Djamel. Contre le notaire Rahal Omar et Issir Idir Mourad, des peines respectives de 18 ans et 16 ans de réclusion criminelle. Une peine de 15 ans de réclusion a été requise contre Mekadem Tahar, Ighil Meziane Ali, Yacine Ahmed et Mir Ahmed, alors qu'une peine de 12 ans de réclusion a été requise contre Djamel Zerrouk et Salim Boukadoum. 10 ans de réclusion ont été demandés contre Chebli Mohamed, Abdelwahab Réda, Dellal Abdelwahab, Toudjène Mouloud, Ameghar Mohand Arezki et Ghouli Mohamed. Une peine de 7 ans de réclusion a été demandée à l'encontre de Larbi Salim, Dahmani Noureddine, Chaâchoua Ahmed, Agoune Lhadi, Sedrati Messaoud, Bousehoua Mohamed Rachid. Le procès Khalifa, qui a suscité de l'intérêt à l'échelle internationale, est riche en enseignements. A commencer par l'objectivité de la présidente du tribunal qui, depuis le début des audiences, le 8 janvier dernier, a démontré qu'il n'y a que le tribunal qui statuera sur le cas de tous les accusés, détrompant ainsi les plus pessimistes qui sont allés jusqu'à faire croire que le procès "n'est qu'une mise en scène puisque le verdict serait préétabli" alors que d'autres l'ont qualifié de "procès des lampistes". A travers les témoins qui ont défilé à la barre, l'on se rend compte à quel point les ramifications de Moumen Khalifa ont été profondes en réussissant à " soudoyer " des personnalités remarquables. Dpes PDG d'entreprises publiques, des présidents de clubs sportifs, entre autres, sont ainsi parmi ceux qui ont accepté de partager avec Moumen Khalifa le gâteau empoisonné, ayant causé un préjudice de près de trois milliards de dollars à la Banque d'Algérie. Outre les inculpés qui viennent d'être jugés, les regards restent rivés sur les "rebelles" qui s'entêtent à refuser ce procès. Parmi eux, les deux frères Keramane, Abdelwahab, gouverneur de la banque d'Algérie à l'époque des faits, et Abdennour, ancien ministre de l'Industrie. Ces deux derniers n'ont cessé de remettre en cause la crédibilité du procès, notamment le premier qui, à travers des communiqués de presse, a affirmé que le procès a été fomenté. Toutefois, d'aucuns se posent la question de ce qui sera fait des témoins dont la complicité a été avérée, tels le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, qui a reconnu publiquement devant le tribunal sa responsabilité quant aux milliards de dinars que les caisses sociales ont perdu à l'ombre de cette affaire.